Les habitants du village Aïn Skhouna dans la commune de Bordj Menaïel font face à des difficultés qui rendent leur vie des plus amères et poussent même les plus perspicaces d'entre eux à emprunter le chemin de l'exode. Hormis l'école primaire construite durant les premières années de l'indépendance, ce village perché sur les hauteurs de l'est de cette commune ne dispose d'aucune autre infrastructure pouvant persuader les habitants de rester chez eux. Nombre d'entre eux soutiennent qu'il est inutile d'attendre ou d'espérer l'amélioration de leur vie à l'avenir puisque rien de concret ne pointe à l'horizon. « Nous sommes les oubliés de la région, aucun responsable ne nous a rendu visite pour s'enquérir de nos malheurs. Allez voir les autres villages de la commune. Ils sont tous dotés de moyens et d'infrastructures et leurs populations ne cessent d'augmenter. Mais le notre se vide et se meurt lentement », lâche un habitant du village avec désappointement. Pour s'y rendre, il faut attendre au moins trois heures dans l'attente d'un hypothétique moyen de transport, car rares sont les transporteurs qui s'y aventurent. Et pour cause, la route desservant le village n'est pas encore revêtue dans sa totalité. Les travaux de revêtement engagés ont tellement duré, apprend-on auprès de quelques habitants qui soulignent que le projet est resté à l'arrêt pour une durée de deux ans avant d'être relancé il y a deux mois environ. Mais cela n'a pas permis de parachever définitivement le projet puisque les travaux sont à nouveau à l'arrêt depuis plus d'un mois, sans que la route ne soit totalement revêtue. Commentant ce long retard, un villageois nous dira avec un ton ironique : « Vous savez comment on bitume les routes dans notre pays ; un kilomètre pour chaque trois ans. » Ainsi, si le commun des villageois met en avant l'absence d'infrastructures de base dans leur village, la majorité d'entre-eux s'accordent à dire que l'exemple le plus frappant reste l'état dans lequel se trouve la partie non revêtue dudit axe. « Nous avons réclamé à maintes reprises son revêtement, mais c'est toujours la même réponse : patientez, nous dit-on », déplorent-ils. Les habitants se plaignent en outre des problèmes et des conditions déplorables à l'école primaire du village et dont les classes ont été endommagées par le séisme de 2003. En effet, à en croire le président de l'association locale Assirem , M. Zaoui, « les murs dudit établissement présentent de larges fissures et risquent même de s'écrouler sur les élèves à cause de la non-conformité des travaux de réhabilitation qui ont été effectués » . En plus de cela notre interlocuteur relève le manque de cantine, de poêles à gaz et d'eau potable à cause de l'état de vétusté des conduites et précise que l'école est alimentée chaque semaine à l'aide de citernes. Ce qui expose les élèves à de réels dangers de maladies hydriques. Les habitants apostrophés ne cachent point leur colère face à la fermeture, depuis plus d'une année, de la salle de soins de leur village. « La salle est achevée depuis plus d'une année mais son ouverture tarde à voir le jour », déplorent-ils en rappelant le long trajet qu'ils effectuent journellement en destination des établissements sanitaires du chef-lieu pour se faire soigner.