Saluons le retour de Ahmed Rachedi au point de départ cinéma. Il a mis en scène un film de grande ampleur, d'une durée de presque trois heures, hommage au révolutionnaire Mostefa Benboulaïd. La nécessité de faire ce film était devenue impérieuse. Dubai De notre envoyé spécial Le temps passe et l'oubli s'installe. Une figure intègre, sans reproche, méritait ce récit filmé et joué avec passion. Cette œuvre dit à haute voix et avec une grande certitude dans les images comment tout a commencé il y a presque un demi-siècle maintenant. Ce portrait de Benboulaïd, c'est aussi un singulier éclairage d'une histoire algérienne qu'on n'a pas fini de totalement cerner. Depuis Eisenstein, on savait qu'on pouvait faire de l'histoire avec le cinéma. On pouvait filmer une insurrection, des luttes armées, des héros légendaires. Comme, malgré lui, Ben Boulaïd avait cette stature-là. Cette œuvre nous empêchera d'avoir des trous de mémoire quand son nom sera évoqué. En dépit de la puissance émotive des images, l'homme apparaît ici dans toute sa simplicité, sa modestie. Il est parfois même embarrassé quand ses compagnons cherchent à le voir comme le leader. Il ne cherche nullement, malgré son intelligence et son immense courage, à passer pour un « intouchable ». Révolutionnaire certainement, estimant que la « révolution n'est pas un dîner de gala », mais il n'était pas dans le secret des dieux, que sa famille n'était pas nécessiteuse. En prison, Vincent Monteil, envoyé par Soustelle, vient le lui rappeler. Beaucoup de fragments de cette histoire resteront dans la mémoire. Son évasion spectaculaire de la prison de Constantine. Sa rencontre avec sa femme : cette scène boulversante mérite à elle seule tous les éloges qu'on peut faire du travail de Ahmed Rachedi. Cette œuvre est bourrée de talents d'acteurs. Le tournage, certainement épuisant, n'empêche pas ces grands acteurs de laisser paraître leur détermination et leur sincérité, le sujet en valait la peine : Hassen Kachach (impressionnant dans le rôle central), Rachid Farès, Ahmed Ben Aïssa, Slimane Ben Aïssa, beaucoup d'autres talentueux comédiens. La chronique gardera pour la bonne histoire que le peintre constantinois, Ahmed Benyahia, a été aussi appelé à jouer dans ce film. On retenait notre souffle. Il l'a fait avec brio. Il attend d'autres propositions. Réalisation : Ahmed Rachedi Production : Mycene Balkis Films, Sadiq Bakhouch Scénario : Sadiq Bakhouch Photographie : Sid Ali Halo, Tarak Ben Abdallah, Youssef Ben Youssef Musique : Safi Boutella, Salim Dada Montage : Mahfoudh Boudjema