L'année 2008 a été marquée par une protestation généralisée des fonctionnaires de plusieurs secteurs névralgiques. Des grèves cycliques, des journées de protestation, des arrêts de travail et des grèves de la faim ont été observées par des centaines de travailleurs, revendiquant tout simplement l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle ou alors leur réintégration à leur poste de travail. Constatant que l'unification des rangs fait la force, les représentants de ces travailleurs ont décidé pour mieux peser de leur poids sur la scène syndicale d'unir leurs forces. Le détonateur de cette initiative, une première dans les annales du mouvement syndical en Algérie, est la nouvelle grille nationale des salaires et également la politique syndicale menée par le gouvernement consistant en l'exclusion des syndicats autonomes de toutes les négociations. Dans ce contexte, douze syndicats autonomes agréés et représentant les secteurs de la santé, de l'éducation de l'enseignement supérieur et de l'administration ont décidé de créer une coordination et une intersyndicale. Cet espace est donc, pour eux, une nécessité et reste le seul moyen de faire avancer leur cause. Les syndicats estiment que la nouvelle grille des salaires tant attendue par tous les Algériens n'est finalement qu'un mirage et un leurre pour le fonctionnaire qui mérite une vie décente, car il est le moteur de la société. Les enseignants, médecins, agents de l'APC, universitaires, fonctionnaires dans toutes les entreprises publiques ont manifesté à plusieurs reprises leur colère face à cette situation des plus dégradantes à laquelle ils font face depuis de longues années. Face aux cris de détresse des milliers d'Algériens, le pouvoir est resté imperturbable, il ne se manifeste que pour brandir la carte de la menace. Concrètement, que revendiquent les syndicats ? Ils demandent tout simplement un salaire décent pour vivre dans la dignité et sortir de la précarité. Il est donc temps, de leur avis, d'avoir une économie qui protège les fonctionnaires de l'inflation. Ils ont qualifié de supercherie la grille des salaires. Tous les représentants des syndicats réunis autour de ses deux structures rejettent en bloc le statut général de la Fonction publique et craignent surtout de voir le dossier relatif au régime indemnitaire prendre la même trajectoire que celui des statuts. « Les propositions émanant des syndicats n'ont pas été prises en considération dans notre statut rendu public. Ce que nous ne comprenons pas c'est pourquoi doit-on attendre 2009 pour que l'on se penche sur l'élaboration du régime indemnitaire qui est spécifique à chaque corps », ont tonné les syndicats, persuadés que c'est là une énième fuite en avant de la part du pouvoir, qui refuse, de l'avis des syndicalistes, de s'occuper de l'élite de ce pays et, par conséquent, reste indifférent à ces problèmes et soucis. Notons que l'ensemble des corps revendiquent la révision de la grille des salaires et du point indiciaire en rapport avec l'inflation galopante, le respect et la reconnaissance des syndicats autonomes par le gouvernement comme partenaire social à part entière, l'ouverture immédiate des négociations sur le régime indemnitaire et un statut digne pour les fonctionnaires. Par ailleurs, la nouvelle année sera chaude, puisque les syndicats autonomes comptent reconduire la protestation dès le début de l'année 2009. Pour les syndicats, nul n'a le monopole sur le combat syndical ni sur les libertés syndicales en Algérie. La grève est un droit et, dans ce sens, ils déplorent le recours par les pouvoirs publics aux sous-traitants pour casser leur mouvement de protestation, comme ils condamnent le recours aux ponctions sur salaire et la saisie de la justice pour geler leur protestation.