Le front social bouillonne. L'heure du débrayage semble avoir sonné. Comme en 2008, une année marquée par une protestation généralisée des fonctionnaires (grèves cycliques, journées de protestation, arrêts de travail, grèves de la faim), l'on assiste à la reproduction du même schéma cette année. 2009 s'annonce déjà chaude en raison de l'effervescence des fonctionnaires des différents secteurs qui revendiquent, depuis le premier mouvement de grève observé le 15 janvier 2008, l'amélioration de leur situation socioprofessionnelle ou leur réintégration dans leurs postes de travail. Ce bouillonnement est accentué par l'indifférence du pouvoir face à ces cris de détresse. Pourtant, nul ne peut nier qu'en Algérie la santé est malade, que le secteur de l'éducation souffre et que l'administration agonise. La cause est connue de tous : le côté humain n'a jamais été valorisé, la colonne vertébrale de tous ces secteurs a été carrément négligée. « Nous avons des propositions, mais le pouvoir refuse de nous écouter. Nous avons des revendications mais le pouvoir refuse toujours de les prendre en charge. Nous voulons être un partenaire social à part entière, mais il ne veut pas de nous à la table de négociations. Pourquoi cette indifférence, pourquoi le fonctionnaire reste le dernier de la classe ? », s'interroge un médecin. Ce sont ces multiples raisons qui poussent aujourd'hui les syndicats autonomes à maintenir la pression en optant pour la protestation visible. A partir de cette semaine, les praticiens de la santé et les vétérinaires emboîteront le pas aux enseignants pour débrayer. Le premier à ouvrir le bal de la contestation est le Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP), qui a choisi une date symbolique, à savoir le 24 février, pour entamer une action ouverte. Le recours à une grève illimitée, qui est subordonnée à la prise en charge de la plateforme revendicative des fonctionnaires de ce corps, est motivé, explique le docteur Merabet, secrétaire général de cette organisation autonome, par le constat d'échec des négociations avec la tutelle et la pratique de la politique de l'autruche par les autorités. Le meeting sur les libertés syndicales Le syndicat qualifie d'ambiguë la démarche du pouvoir qui, jusqu'à l'heure actuelle, n'a pas encore promulgué le statut particulier des praticiens de la santé. En outre, le syndicat maintient la protestation car le dossier du statut particulier et du régime indemnitaire sont sans issue et leur règlement n'est pas pour demain. Pour le syndicat, il est inadmissible de dire que le régime indemnitaire est tributaire de la finalisation de tous les statuts. S'agissant de la liberté syndicale, plusieurs syndicalistes font face chaque jour à des intimidations, à des menaces de différentes parties. Ce que le syndicat dénonce. A ce sujet, l'intersyndicale composée de sept syndicats autonomes (CLA, Snapap, Cnapest, Satef, SNTE, SNPM, coordination du CNES) a décidé d'organiser, à partir de la semaine prochaine, un meeting sur les libertés syndicales. « Nous avons senti un recul en matière de libertés syndicales. Plusieurs de nos militants ont été suspendus parce qu'ils on pris part à des grèves, des syndicalistes ont été traduits devant la justice. Nul n'ignore que la grève est un droit et nous dénonçons toute forme d'entrave à l'activité syndicale », soutient Idir Achour, porte-parole du CLA. Ce dernier ajoute que les conseils nationaux des sept syndicats ont tenu des réunions afin d'arrêter des propositions qui seront soumises pour approbation à l'intersyndicale. « Nous allons vers des actions radicales », a souligné M. Idir. De son côté, le Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires de l'administration publique (SNVFAP), qui a observé une trêve dans la protestation depuis le mois de juin 2008, est sorti de sa coquille pour crier son ras-le bol. Le syndicat a décidé d'entamer une grève d'une semaine à partir du 28 février prochain. Les fonctionnaires de ce corps constatent avec amertume l'absence de toute avancée dans le traitement des différents problèmes soulevés, à savoir l'adoption du statut et la restitution de l'indemnité qui a fait l'objet d'une suppression à compter de janvier 2008. S'agissant du statut particulier, dont la préparation du projet a nécessité des efforts considérables, il se trouve aujourd'hui, de l'avis des vétérinaires, malmené et soumis à de multiples amendements, selon le bon vouloir de la Fonction publique. Le syndicat estime que la DGFP ne peut avoir toutes les compétences pour juger et classer tous les corps de la Fonction publique. Concernant l'indemnité vétérinaire, le SNVFAP a tenu à préciser que cette dernière a été augmentée de 35% en juin 2007 pour être complètement supprimée en janvier 2008. En somme, les vétérinaires rejettent tous les amendements non réglementaires imposés par la DGFP et demandent aux pouvoirs publics de rétablir l'indemnité vétérinaire. Par ailleurs, le Syndicat national des professeurs, docents et maîtres assistants en sciences médicales sont déterminés à utiliser tous les moyens permis par la loi pour faire valoir leurs justes et légitimes revendications socioprofessionnelles afin d'accéder à une société juste, bâtie sur le savoir et le mérite. Les hospitalo-universitaires enregistrent avec regret que l'ouverture des négociations sur le régime indemnitaire continue, de commission en commission et d'année en année, à être remis aux calendes grecques. « Ces manœuvres dilatoires sont la preuve que le chemin que doit emprunter l'enseignant universitaire est parsemé d'embûches », estiment ces syndicalistes.