La crise que couve le FLN depuis mai 2003 tend vers le dénouement. Le temps des déchirements ayant secoué l'ex-parti unique semble être mis aux oubliettes, défraîchissant le terrain pour un « congrès exemplaire dans la pratique démocratique ». « Une fête de démocratie » en Algérie, voilà le leitmotiv du prochain « congrès rassembleur » dont la date de sa tenue a été confirmée jeudi dernier par Abdelaziz Belkhadem, coordinateur de l'instance exécutive provisoire du parti, lors d'une réunion avec les élus à Zéralda (Alger). M. Belkhadem ne rate pas l'occasion de souligner « la fin de la crise ». « Le congrès réunificateur aura lieu comme prévu les 26, 27 et 28 janvier à Alger. Tous les militants et cadres du parti, sans distinction aucune, se sont mobilisés pour ce grand rendez-vous », atteste-t-il, assurant qu'il n'y a plus « deux ailes au sein du parti ». « Les enfants du FLN se sont unis autour d'un seul objectif : réussir la tenue du congrès dans un cadre transparent qui permettra aux différents participants de s'exprimer librement. Le FLN est uni et indivisible. La crise a été surmontée », lâche-t-il à l'adresse des journalistes présents à la réunion. M. Belkhadem donne ainsi un ton plutôt rassurant sur le degré d'entente qui s'est subitement installée au sein de cette formation longtemps en « défroque ». Pour accélérer la cadence des préparatifs, deux réunions ont été tenues jeudi à Alger. La première avec près de 150 encadreurs du congrès pour peaufiner les préparatifs. La seconde avec les élus locaux, les députés et les sénateurs pour les impliquer effectivement dans la réussite du prochain congrès. Lors de cette dernière, les élus locaux relèvent les problèmes auxquels ils sont confrontés. Ils émettent ainsi le souhait de voir le code communal ainsi que celui de wilaya adoptés et mis en vigueur rapidement. Comme ils manifestent à la même occasion leur mécontentement quant à la nouvelle mesure prise par Ahmed Ouyahia, chef du gouvernement, ayant retiré les prérogatives de distribution des logements sociaux aux maires. Les élus du FLN, majoritairement présents dans les collectivités locales à travers l'étendue nationale, considèrent ainsi cette décision gouvernementale comme une atteinte à leurs prérogatives en qualité d'« élus du peuple ». M. Belkhadem n'omettra pas, par la suite, d'adresser à ces élus une instruction leur demandant de jouer un rôle plus actif dans la sensibilisation des militants pour ressouder définitivement les rangs du parti et les réunir autour d'un congrès « réconciliateur ». Selon Salah Goudjil, membre du comité provisoire, la réunion de jeudi s'inscrit dans la poursuite d'une démarche déjà entamée à l'intérieur du pays. D'après lui, des réunions similaires ont été organisées à Oran, à Batna et à Constantine. S'agissant de l'état d'avancement des préparatifs du prochain congrès, M. Goudjil dira que « les élections des délégués entamées le 1er janvier seront terminées le 15 du mois en cours. Il y aura ensuite les conférences de wilaya qui permettront d'élire les rapporteurs de wilaya qui présenteront leurs rapports aux cinq conférences régionales à même d'arriver à élaborer cinq rapports régionaux qui seront soumis aux congressistes ». Selon lui, le congrès ne se tiendra pas dans un hôtel, mais fort probablement dans une grande salle telle la Coupole. Le nombre des congressistes sera de 2400 à 2500. La femme sera fortement représentée lors de ce congrès. A en croire les « intentions discursives » des différentes parties antagonistes du parti - que ce soient les légalistes, les redresseurs ou les autres tendances qui semblent suivre le chemin tracé de la réconciliation -, c'est l'ensemble des militants, même les redresseurs inflexibles, qui s'échinent à recoudre les lambeaux du FLN déchiqueté. M. Belkhadem, qui s'est mis dès le début dans la peau d'un réconciliateur du parti, a-t-il vraiment réussi à recoudre les lambeaux d'une formation en haillons ? A-t-il gagné le pari d'un FLN uni et unifié ? Difficile de parier.