La facture médicaments, en dépit de ces mesures, a connu une hausse de 16% le premier semestre. La mesure d'interdiction d'importation de produits pharmaceutiques fabriqués en Algérie n'a apparemment pas apporté les résultats escomptés. À en croire certains producteurs, l'importation des médicaments durant le premier trimestre 2009 a connu une hausse de plus de 16 % par rapport à la même période de l'année 2008. Ce qui va à contresens des objectifs tracés à travers cette disposition, décidée, faut-il le rappeler, par le gouvernement en novembre dernier. Une première liste a été ainsi établie à cette date. Un mois plus tard, une deuxième liste a été publiée au Journal Officiel. Or, l'arrêté du 30 décembre 2008 qui modifie et complète celui du 30 novembre 2008 a retiré de cette liste un produit pharmaceutique fabriqué entièrement en Algérie. Il s'agit de la Sulfadiazine argentique qui est une crème dermique 1 % dont le process de fabrication est l'œuvre d'un laboratoire algérien, il y a cinq ans. Le fait de ne pas interdire l'importation de ce médicament porte une contradiction aux décisions des hautes instances du pays. En effet, l'exécutif, tel que répété à plusieurs reprises par le Premier ministre, veut encourager la production nationale. Et si l'on continue à importer les médicaments fabriqués dans notre pays, ce sont les quelques producteurs locaux qui subiront les conséquences. Pire encore, ils risquent même d'abandonner cette industrie pharmaceutique naissante. Tout en saluant la décision gouvernementale, les opérateurs, chacun dans sa spécialité et le produit approprié, se sont engagés à assurer la couverture des besoins du marché. Ils ont mis tous les moyens nécessaires pour assumer leur engagement. C'est le cas de Lad Pharma qui a dépensé la somme de 70 millions de DA pour les achats destinés à la fabrication de la Sulfadiazine argentique. Pourtant, ce médicament est vendu trois fois moins cher aux hôpitaux ; un prix que ne peut pratiquer un autre laboratoire. Le fabricant se demande quelles sont les raisons qui ont poussé les responsables concernés à autoriser ce produit à l'importation alors qu'il n'est pas un médicament vital ? Sur un autre registre, la direction de la pharmacie au ministère de la Santé a adressé à l'ensemble des opérateurs une note datée du 25 mars 2009 dans laquelle elle mentionne trois critères d'interdiction à l'importation de produits fabriqués localement. De prime abord, certains opérateurs dénoncent le fait que cette note soit envoyée aux opérateurs pharmaceutiques plus de deux mois après que l'arrêté portant liste des médicaments interdits à l'importation soit publié, à savoir le 30 décembre 2008. “Cette note s'inscrit en faux par rapport à une décision prise par les plus hautes instances du pays”, déplore un observateur très au fait de ce dossier. Le premier critère, tel qu'écrit dans cette note indique : “plus de deux ou trois fabricants locaux satisfaisant le marché, le produit concerné est interdit à l'importation”. Pour cette source, ce critère souffre d'une ambiguïté. “Ce n'est pas clair. Soit c'est plus de deux ou c'est trois fabricants locaux ?”, souligne-t-elle. Le deuxième critère stipule : “un fabricant, seul, même satisfaisant le marché (pour l'année 2009), nous impose pour la sécurité du marché d'importer un stock stratégique”. La même source affirme que le stock stratégique relève normalement des prérogatives de la Pharmacie centrale des hôpitaux (PCH). Quant au troisième critère qui précise qu'un “fabricant seul satisfaisant le marché mais pour des produits de niches (moins de cent mille unités/vente), le produit est interdit à l'importation”, l'observateur suppose qu'il est destiné aux conditionneurs. Ces derniers vont, selon lui, pénaliser les véritables fabricants et n'encouragent guère la production nationale et la jeune industrie pharmaceutique en Algérie.