On compte désormais une centaine de « cercles de silence » en France. L'initiative, partie au printemps dernier de Toulouse, s'est rapidement développée. Ces militants d'un nouveau type ne relâchent pas leur action, et la plupart des cercles appellent à être sur le terrain le 31 décembre. Si l'hiver n'empêche pas les précaires de souffrir, bien au contraire, il n'empêche pas non plus leurs soutiens de rester mobilisés. Rien ne semble ralentir l'action des « cercles de silence » qui se sont démultipliés au fur et à mesure des informations sur la pression de moins en moins respectueuse des droits de l'homme sur les sans-papiers. Pour des expulsions voulues de plus en plus nombreuses par le président de la République Nicolas Sarkozy et son ministre de l'Immigration Brice Hortefeux, tout est bon, même parfois le contournement, si ce n'est le non-respect des accords internationaux ou simplement des règles démocratiques du pays. C'est en tout cas ce que dénoncent les militants qui se mobilisent habituellement pour ce type de cause (l'histoire de France en est hélas très longue, pour ne parler que de la guerre d'Algérie). La nouveauté est qu'ils sont rejoints par des personnes, non engagées, mais qui se sentent de plus en plus concernées. La posture silencieuse choisie, en cercle, correspond bien à la non politisation de la manifestation, et parle beaucoup à des gens qui sont sans mots devant le non-respect des droits humains. C'est ainsi que dans des villes de plus en plus nombreuses, les manifestants se retrouvent régulièrement. Muets et immobiles, ils alertent l'opinion publique. Au dernier pointage, on approche les 100 cercles et la mobilisation pendant cette période de fêtes laisse « entendre » un cri silencieux étourdissant. Pour les concepteurs, « la manifestation adopte la forme circulaire qui exprime une rupture du cloisonnement et de l'isolement de ces hommes et femmes dans le dénuement. Entrer dans le cercle, c'est rencontrer l'autre. Il permet aussi de symboliser le mouvement des cœurs, des consciences qui s'éveillent au scandale du sort que nous réservons à l'étranger ».