L'été n'a pas ralenti l'action des cercles de silence qui se sont multipliés ces derniers mois en France. La volonté militante de ne pas lâcher les sans-papiers a été confortée par l'actualité de juin et juillet : incendie du centre surpeuplé de Vincennes et mise sur la table du dispositif européen sur l'immigration. Tout est parti au départ des religieux franciscains, à Toulouse, en octobre 2007. Exaspérés par la situation des sans-papiers et par la manière dont les autorités les traitent, ils ont pris une posture silencieuse sur une place de la ville. Des militants ont apprécié l'idée qui a éclos comme une fleur d'espérance. Depuis, de nombreuses associations, dans plusieurs villes, se retrouvent régulièrement. Muets et immobiles, ils veulent alerter l'opinion publique. Le cercle veut symboliser l'enfermement dans l'exclusion qui frappe les migrants dans leur vie quotidienne et, pis encore, dans les centres de rétention administrative. La manifestation adopte la forme circulaire qui exprime une rupture du cloisonnement et de l'isolement de ces hommes et femmes dans le dénuement. Entrer dans le cercle, c'est rencontrer l'autre. « Il permet aussi de symboliser le mouvement des cœurs, des consciences qui s'éveillent au scandale du sort que nous réservons à l'étranger », estiment les concepteurs de ce soutien qui se développe rapidement en France et aussi dans plusieurs villes de Belgique. Dans l'Hexagone, et la liste n'est pas exhaustive, des cercles de silence se sont instaurés à Toulouse, Paris, Lyon, Marseille, Bordeaux, Rennes, Strasbourg, Nice, Reims, Tours, Auxerre, Tarbes, Valence, Castres, Epernay, Charleville-Mézières, Annonay, Montélimar. A Toulouse, ce sont plus de 200 personnes qui participent, fin janvier, à Marseille entre 80 et 100 à chaque séance pendant le carême… Les réunions sont mensuelles ou hebdomadaires selon les lieux. Plusieurs dizaines dans les villes plus petites, un chiffre qui parfois atteint la centaine de personnes. Souvent, les manifestants ont le visage caché par un masque blanc, signe de non-existence des sans- papiers et la bouche bâillonnée, évident symbole de l'impossibilité pour eux de s'exprimer. Ce mouvement inédit a la particularité d'associer dans le cercle des gens venus d'horizons divers du monde associatif. De la même manière que les Franciscains qui ont lancé l'idée, beaucoup n'ont jamais manifesté de quelque manière que ce soit, sans compter les passants qui s'informent, et parfois rejoignent le mouvement. Chrétiens et non-croyants côtoient les militants plus politisés pour qui ce n'est pas une première action, en solidarité avec le silence de l'étranger sans-papiers et sans voix.