En invitant, mercredi dernier, le Forum des chefs d'entreprises à participer à la prochaine tripartite, le chef du gouvernement semble vouloir chercher à élargir le champ de la représentativité dans le secteur économique à d'autres acteurs. Officiellement, le patron de l'Exécutif a justifié l'invitation adressée au FCE en évoquant son projet de conclure, notamment, un pacte économique et social destiné à concilier, autant que possible, les intérêts des patrons (publics et privés), du partenaire social et de l'Etat. En ce sens, le souhait exprimé par Ahmed Ouyahia de compter parmi ses interlocuteurs, lors des travaux de la prochaine tripartite, Omar Ramdane, le président du FCE, confirme, à un certain niveau, le souci du gouvernement d'obtenir le consensus le plus large possible pour assurer la réussite de sa démarche. Une éventuelle implication (elle n'est pas encore acquise) du Forum des chefs d'entreprises, une organisation patronale jusque-là absente des grands rendez-vous économiques du gouvernement aux négociations annoncées, contribuerait en effet à conférer au pacte social visé par Ahmed Ouyahia, la crédibilité et la consistance nécessaires pour son acceptation. Car, bien que discret et souvent « oublié » lors de manifestations officielles, le FCE rassemble le gros des grands industriels publics et privés du pays. Et ne pas l'associer reviendrait, sans doute, à refuser la parole à une majorité d'industriels algériens (perçus depuis longtemps à l'étranger comme les représentants les plus sérieux du patronat algérien) et surtout à prendre le risque d'aboutir à un pacte inopérant sur le terrain, comme cela a déjà été le cas par le passé. A ce propos, Omar Ramdane n'a d'ailleurs pas manqué, lors de sa rencontre de mercredi avec le chef du gouvernement, de rappeler le poids et la « puissance de feu » de son organisation. Pour mémo : Le FCE pèse 445 milliards de dinars de chiffres d'affaires, emploie 94 000 travailleurs et regroupe 200 entreprises (publiques et privées). Et si, fort de ce bilan, le président du FCE n'a pas hésité à dire ce qu'il pensait de la politique économique du gouvernement, il paraît difficile, en revanche, pour Ahmed Ouyahia de continuer à ignorer ce « club » d'hommes d'affaires réputé « influent ». Le fait de s'être résolu à l'associer à la prochaine tripartite prouve néanmoins que le patron de l'Exécutif a fait le choix du réalisme politique. Mais en optant pour la négociation avec « les acteurs économiques qui comptent », Ahmed Ouyahia risque de ne pas avoir la tâche facile. Celui-ci semble déjà être conscient que cela sera du « donnant-donnant ». Pour avoir le FCE à sa table, il a déjà entrepris, néanmoins, de lui envoyer des signaux positifs présageant un meilleur environnement pour l'entreprise. Le tout, maintenant, est de savoir comment ces messages seront décodés par le Forum des chefs d'entreprises qui a laissé l'image, mercredi dernier, d'un partenaire coriace.