L'onde de choc de l'agression israélienne contre la bande de Ghaza s'élargit. Au-delà de la réprobation de l'opinion publique internationale, les conséquences de cette boucherie commencent déjà à se faire sentir sur le processus de paix global initié dans la région. Hier, c'est le négociateur en chef palestinien qui a annoncé que les négociations de paix avec Israël conduites sous les auspices des Etats-Unis sont à l'arrêt. Elles sont, selon lui, devenues tout simplement « impossibles au moment où les forces de l'occupation poursuivent leur agression contre des citoyens sans défense dans la bande de Ghaza ». Mais pas seulement, les pourparlers indirects engagés entre les Syriens et les Israéliens prennent aussi un sérieux coup. C'est le ministre turc des Affaires étrangères, Ali Babacan, dont le pays sert de médiateur depuis plusieurs mois qui le confirmait. « Faire la guerre du côté israélo-palestinien et au même moment faire la paix du côté israélo-syrien, ces deux choses ne peuvent pas aller ensemble », soutient le chef de la diplomatie turque qui a relayé, en fait, une déclaration faite la veille par un responsable syrien qui avait requis l'anonymat. Ali Babacan ne fait pas état uniquement de la suspension des négociations entre la Syrie et Israël que le président syrien, Bachar El Assad, disait, il y a une semaine, qu'elles allaient franchir une autre étape pour devenir des négociations directes, mais aussi de sa grande inquiétude que « la poursuite du conflit pourrait provoquer sa propagation au-delà des frontières de Ghaza, ce qui représenterait un risque grave pour la région ». Même s'il est peut probable qu'un embrasement généralisé ait lieu dans cette poudrière du Proche-Orient, la réalité est que ce sont toutes les démarches consenties par certains dirigeants arabes pour aboutir à une normalisation avec Israël qui tombent à l'eau. Et avec la fracture psychologique provoquée par l'agression qui continue contre la bande de Ghaza et qui s'est déroulée sous l'œil cautionnant, sinon complaisant de la communauté internationale, il serait bien difficile de remonter la pente pour reprendre le chemin de la négociation avec un adversaire qui accorde peu d'importance aux vertus de la paix et ne se soucie point de la légalité internationale pour avoir à maintes fois traîné dans la boue les règles de droit régissant les relations internationales. En tout cas, l'on ne pourrait plus assister aux shows, tels que celui qui s'est déroulé à Paris le 13 juillet dernier, qui avait réuni à la même table plusieurs dirigeants arabes et le Premier ministre israélien, Ehud Olmert, pour discuter de l'idée de création de l'Union pour la Méditerranée (UPM), un projet initié par le président français, Nicolas Sarkozy. Si à l'époque, déjà, beaucoup avaient critiqué le projet, en raison du fait qu'il associe naturellement l'Etat d'Israël, et posé comme préalable la condition de régler définitivement la question palestinienne, il est désormais difficile de faire admettre l'idée même de reprendre le chemin d'une éventuelle normalisation avec Israël. La rue arabe, qui demande déjà aux pays de la région ayant des relations diplomatiques avec ce dernier de les rompre au plus vite, verrait d'un mauvais œil la poursuite des négociations et des processus de normalisation engagés ça et là. Il faut bien l'admettre, il y a bien l'avant et l'après-boucherie de Ghaza.