Le Conseil de sécurité des Nations unies a fait mieux qu'au mois dernier quand il a été tout simplement privé de parole alors qu'il était appelé à se prononcer sur le blocus imposé par Israël dans la bande de Ghaza. C'est justement le sort infligé à ce territoire palestinien qui était une nouvelle fois en débat samedi dans le cadre d'une réunion d'urgence tenue à la demande de l'Autorité palestinienne à la suite de la série de massacres perpétrés par Israël. Fidèle à sa position en ce qui concerne Israël, l'instance onusienne a tout simplement coupé la poire en deux mettant dos à dos agresseur et agressé, ou plus précisément occupant et occupé. Le Conseil de sécurité a condamné les violences à Ghaza et dans le sud d'Israël. Ce qui est fondamentalement différent, et encore sans le moindre impact, puisque c'est l'acte pris isolément. Seul le fait est pris en ligne de compte sans la moindre considération pour ce qui l'a provoqué et les motivations. Et comme c'est dans l'air du temps, l'UE (Union européenne) est sortie de son mutisme pour faire autant que l'ONU. Un drame pour les relations internationales. La présidence slovène de l'UE a condamné hier « l'usage disproportionné » de la force par l'armée israélienne contre la population civile de Ghaza, en soulignant que de telles actions étaient « contraires à la loi internationale ». Dans le même temps, elle « réitère sa condamnation de la poursuite des tirs de roquettes dans le territoire israélien » par les forces palestiniennes, dans un communiqué où elle appelle les deux parties à cesser les hostilités. La Libye, seul pays arabe parmi les 15 pays du Conseil de sécurité, a émis un projet de résolution au nom des Etats arabes qui « condamne fermement le meurtre de civils innocents, y compris d'enfants », par les forces israéliennes. Le texte appelle également à « un arrêt immédiat des violences, y compris les opérations militaires et les tirs de roquettes, et appelle toutes les parties au respect du cessez-le-feu ». Toutefois, plusieurs diplomates ont indiqué que ce texte ferait vraisemblablement l'objet d'un véto américain. Les membres du Conseil se sont mis d'accord pour que ce projet soir examiné aujourd'hui par leurs experts afin d'aplanir les divergences. Habitué à l'impunité, Israël a immédiatement fait savoir hier qu'il va poursuivre sa boucherie. C'est ce qu'a affirmé son Premier ministre, Ehud Olmert, en rejetant les critiques internationales. « Personne n'a le droit moral de critiquer Israël pour son droit à l'autodéfense », a ajouté M. Olmert. C'est justement cette littérature qui est aujourd'hui reprise et amplifiée pour dénaturer l'essence même du conflit du Proche-Orient, même si l'ONU ne désespère pas de voir aboutir un hypothétique processus de paix. En ce sens, le Conseil de sécurité a également souligné que la violence « ne doit pas être autorisée pour porter atteinte au processus de paix entre Israël et l'Autorité palestinienne visant à établir deux Etats (Israël et la Palestine) vivant côte à côte dans la paix et la sécurité ». En parlant ainsi, l'ONU reconnaît une situation de guerre, et dans ce cas, son secrétaire général a fait preuve d'une réelle maladresse en reconnaissant à Israël le droit de se défendre. Devant une telle position, Israël a décidé de poursuivre sa politique puisqu'au moins, cinq Palestiniens ont été tués hier lors d'attaques israéliennes dans la bande de Ghaza où 61 Palestiniens avaient trouvé la mort la veille, a-t-on indiqué de sources médicales palestiniennes. Ces décès portent à 70 le nombre de Palestiniens tués depuis samedi dans la bande de Ghaza lors d'une des opérations les plus meurtrières de l'armée israélienne depuis le déclenchement de l'Intifadha en 2000. Au plan politique, le président palestinien Mahmoud Abbas, a suspendu hier tous les contacts avec Israël pour protester contre l'agression israélienne. « Les négociations sont suspendues comme tous les contacts à tous les niveaux, car ils n'ont aucun sens au regard de l'agression israélienne », a déclaré Nabil Abou Roudeina dans un communiqué. « Le gouvernement israélien a décidé de lancer une guerre injuste et massacre notre peuple. Il porte l'entière responsabilité du blocage du processus de paix et des conséquences de la décision de suspendre les contacts », a poursuivi le porte-parole de la présidence palestinienne. Le président Abbas a ordonné à l'équipe de négociateurs palestiniens de suspendre tous les contacts avec Israël « jusqu'à ce que cesse l'agression », a-t-il dit. Samedi déjà, Saëb Erekat, l'un des principaux négociateurs palestiniens, avait affirmé que les négociations de paix avec Israël étaient, pour l'heure, « enterrées sous les maisons détruites de Ghaza ». Mais dira-t-on encore une fois, cela n'est pas nouveau, et les Palestiniens le savent et c'est pourquoi, ils refusent toute forme de soumission.