Récital L?artiste devait se produire, hier, dimanche, en soirée, au théâtre de verdure Hasni-Chekroun, à l'occasion d'un unique concert à Oran. El-Bahia est une ville où ses admirateurs se comptent par milliers. Grand moment de retrouvailles entre le chanteur et son public après une longue absence, puisque le dernier passage d'Aït Menguellet dans la capitale de l'Ouest date de la fin des années 1990. Les rares apparitions du chanteur sont de véritables événements. Cette année, l'artiste a respectivement pris part à l'ouverture du festival de Timgad, organisé des récitals à Tizi Ouzou, Alger puis à Tipaza avant de rallier Oran et se produire à Boumerdès. Avec son parcours artistique de quelque 35 années bien rempli et riche en textes, témoins de l'évolution du pays, Aït Menguellet a toujours su exprimer, avec philosophie et sagesse, toutes les préoccupations, les aspirations et les problèmes de la société qui est la sienne. Après avoir chanté, à ses débuts en 1969, l'amour impossible, la femme désirée, mais inaccessible, il abandonnera ce thème pour s'intéresser aux problèmes de l'heure. Avec l'âge, Aït Menguellet a gagné en maturité. Ses textes, aussi éclatants les uns que les autres, riches en symboles et métaphores, dégagent une rare finesse, une subtilité profonde, une force poétique du verbe inégalable qui l'ont fait se distinguer dans le monde de la musique. Ses thèmes sont devenus universels. Il parle de la guerre, du pouvoir, de l'injustice, de la vérité, de l'identité. Il chante son amour pour l'Algérie, pour la terre natale. Celle des ancêtres. «Lorsque l?âme n?en pourra plus, nous retournerons au pays, où voulez-vous qu?on aille ? Là est notre unique refuge», s'interroge-t-il, dans son texte intitulé Thamurthiw (Mon pays). Aït Menguellet a toujours rejeté l'étiquette de «chanteur». «Je suis un poète et la musique ne sert qu'à habiller mes textes», dira-t-il à maintes reprises. Il refuse, également, d'être «un chanteur de scène»... «Lorsque je n'ai rien à dire, je me tais. Je n'aime pas parler inutilement», avoue-t-il encore. Pour ses admirateurs, qui sont légion, l'artiste est un poète doublé d'une âme de philosophe. C?est un poète portant en soi la beauté, la générosité et la pureté du verbe. Des poèmes qui, ancrés aussi bien dans l?actualité que dans le terroir, arrivent à exprimer si bien la vie intérieure de l?artiste, une vie bouillonnante d?émotions et d?idées. Il est conscient de sa mission sociale. Celle de l'artiste. «Tant que le ciel a besoin des étoiles, les gens auront besoin de l?artiste», chante-t-il dans son texte Affenan (l'artiste). Il y a plus d'une année, Ahmed Ammour, dramaturge, qui a «adapté» au théâtre plus d'une vingtaine de textes d'Aït Menguellet, dans un spectacle, présenté au TNA, sous le titre L'Algérie du poète, écrivait, au sujet du chanteur : «Lounis Aït Menguellet fait partie de ces artistes qui ne cessent de débusquer la vérité là où elle est la plus compromise. Il jongle avec les mots et tend ses vers, comme le funambule, sa corde. Jamais plus sérieux qu?au moment où il paraît plaisanter et sa gravité toujours sur le point de devenir plaisante.»