Bien que présents hier au tribunal correctionnel de Tiaret où elle devait comparaître, munie d'une convocation, Habiba Kouider, son avocate, maître Khalfoun, et les journalistes dont ceux de la presse étrangère, présents, sont repartis bredouilles, mais avec en esprit ce flou juridique qui caractérise l'affaire. Sept mois après sa comparution, en mai dernier, devant la même juridiction, Habiba K., convertie au christianisme depuis l'année 2004, semblait prendre toujours son mal en patience, en dépit d'une nouvelle audition devant le même juge. Théoriquement, la mise en cause devait être jugée hier et répondre d'une accusation liée au « prosélytisme religieux », mais pour des raisons apparemment liées aux procédures entre le parquet et le tribunal, l'affaire fut renvoyée sine die. A l'issue du procès ayant eu lieu le 20 mai dernier, le procureur avait requis à son encontre la peine de trois ans de prison ferme en attendant les délibérations. Une semaine plus tard, le même juge demande un complément d'enquête et l'affaire prend dès lors, même si elle fut relativisée par le parquet qui entendait différencier « l'acte de foi » de « l'exercice illégal d'un culte non musulman », une dimension internationale. Mais dépassionnée depuis. Une décision catégoriquement contestée par Me Khalfoun, avocate de la défense, qui avait aussitôt introduit une procédure d'opposition auprès de la cour de Tiaret. Hier, M. Mohamed Foulène, procureur général près la cour de justice de Tiaret, nous a réitéré la démarche du parquet et celle du tribunal à travers le juge qui décidera, selon sa conscience et son appréciation des faits. « Qu'allait-elle faire Habiba avec 17 exemplaires de la bible et des CD, une fois appréhendée dans le bus ? », elle « qui ne sait même pas bien lire le français ». Des questions qui taraudent les esprits mais ne semblent pas faire perdre espoir à Habiba et à toutes celles et ceux qui ont pris sa défense. Pour rappel, c'est le 29 mars dernier que H. B., 36 ans, originaire de Tiaret a été arrêtée dans un barrage dressé par les éléments de la Gendarmerie nationale au niveau du col de Guertoufa, à la sortie ouest de Tiaret, alors qu'elle se trouvait sur un siège d'un bus la ramenant d'Oran. Dans son sac, on y découvre dix-sept copies de l'évangile. Maintenue en garde à vue durant 24 heures avant d'être présentée devant le procureur de la République, elle sera accusée de « pratique d'un culte non musulman sans autorisation ». Le juge devait, selon toute vraisemblance, remettre sa décision de clôture de l'enquête au procureur de la République qui l'a reprogrammée en audience, croyons-nous savoir. On ne sait si une telle procédure a été initiée ?