Si les partis de l'Alliance présidentielle (FLN-MSP-RND) ont salué la décision du président de la République de faire appel à des observateurs internationaux pour superviser le déroulement de la prochaine élection présidentielle, le RCD qui a, pourtant, réclamé de tout temps leur présence se dit aujourd'hui très déçu. Déçu de constater l'éveil très tardif du pouvoir et de surcroît l'absence des grosses pointures de la liste des observateurs invités au scrutin prévu pour le printemps prochain. Dans ce sillage, la formation de Saïd Sadi a qualifié la décision du chef de l'Etat de « diversion politique » qui ne répond nullement à leur exigence consistant en la présence d'observateurs internationaux en qualité et en quantité. Le RCD, qui ne remet pas en cause le travail des quatre organisations sollicitées à cet effet, à savoir l'ONU, la Ligue arabe, l'Organisation de la conférence islamique ainsi que l'Union africaine, considère toutefois la démarche comme étant très insuffisante. « Pourquoi l'Algérie n'a pas invité les responsables du Parlement européen qui, après les élections de 2004 en Algérie, ont codifié les standards pour l'observation des élections ? », s'est interrogé M. Belabès qui dit aussi ne pas comprendre pourquoi le premier magistrat du pays n'a pas sollicité l'Institut de développement national (NDI) qui est une organisation crédible et ayant un poids, ainsi que l'Organisation de la sécurité et de la coopération de l'Europe (OSCE) qui est réputée pour son intégrité. « Le pouvoir a procédé par sélection et le fait de ne pas avoir invité des organisations ayant un regard neutre et une longue expérience dans le domaine nous renseigne sur les visées du pouvoir », a fait remarquer M. Belabès. Celui-ci précisera, à propos des gens invités, que ceux-ci « étaient présents en 1999 et en 2004 ». Cependant, ajoute-t-il, « le résultat fait ressortir que ces observateurs n'étaient pas crédibles ». « Ils étaient présents en Algérie juste pour valider les élections et non pas pour suivre le processus en amont et en aval », a précisé le représentant du RCD. Dans un pays qui se respecte, soutient M. Belabès, l'Etat n'attend pas la dernière minute pour procéder à l'installation des mécanismes propres à une élection. « L'Etat aurait dû faire appel aux observateurs trois mois avant le jour J, car leur rôle est de suivre les préparatifs d'une élection dans toute sa dimension et de superviser les médias lourds. Le plus important dans un scrutin n'est pas uniquement le jour du vote mais l'ensemble des aspect composant cet événement », a expliqué le représentant du RCD. En outre, la formation de Saïd Sadi ne remet pas seulement en cause cette démarche, mais conteste également la direction et la composition de la commission installée dimanche par le premier ministre. « Comment peut-on mettre à la tête d'une commission chargée de préparer une élection M. Ouyahia qui est synonyme de fraude », a fulminé le chargé de communication du RCD, qui estime qu'il est inconcevable qu'un Premier ministre et leader d'un parti politique qui soutient la candidature de Bouteflika dirige une telle commission. Néanmoins, face au constat « négatif » établi par le RCD, il est clair que Saïd Sadi ne présentera pas sa candidature pour la présidentielle de 2009, ce qui a été confirmé auprès de son entourage. Toutefois, le RCD préfère, dit-on, annoncer officiellement sa position quant à cette question le 15 janvier prochain lors de la réunion du conseil national de son parti. Par ailleurs, le parti de Louisa Hanoune, le PT, qui n'a jamais caché son opposition quant à la sollicitation d'observateurs étrangers, se prononcera sur la question dans les prochains jours, lors d'une conférence de presse sur ce sujet. Abdellah Djaballah, ex-secrétaire général d'El Islah et auparavant d'Ennahda, actuellement préoccupé par « l'unification des rangs du courant islamique », explique que le problème des observateurs reste la quantité. « Est-ce que ces organisations peuvent envoyer un nombre suffisant pour contrôler les 50 000 bureaux de vote existants ? », s'est interrogé Djaballah qui est aujourd'hui convaincu que les conditions pour l'organisation d'une élection transparente ne sont pas réunies.