Après la montée au créneau des patrons adhérant au Forum des chefs d'entreprise (FCE) demandant l'ajournement de l'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (ZALE), le gouvernement tente tant bien que mal de justifier sa démarche. Mustapha Benbada, ministre de la PME et de l'Artisanat, a estimé hier, dans une interview accordée à la Radio nationale, que « l'Algérie ne peut pas rester renfermée sur elle-même. La question de l'ouverture est indiscutable. Il faut dire que les produits de l'Union européenne sont plus compétitifs. Je me demande alors pourquoi on craindrait des produits des pays arabes ». Et d'ajouter : « La décision d'adhésion a été prise en 2004. A l'époque, l'Algérie avait demandé un délai de grâce ; ce que les pays arabes ont accepté. Maintenant, on n'a aucune crainte. » Selon le ministre, 15 000 à 20 000 importateurs s'adonnent à la vente en l'état, lequel commerce suscite, à ses yeux, « une gêne » aux entreprises nationales. Le FCE, par la voix de son président Réda Hamiani, avait, pour rappel, déploré « l'absence de concertation et de dialogue » entre les autorités concernées et le patronat autour de cet accord qui, d'après M. Hamiani, « risque d'avoir des effets néfastes sur l'économie à court terme ». A en croire le ministre de la PME et de l'Artisanat, le gouvernement semble ainsi exclure définitivement la requête du FCE réclamant le report de l'adhésion de l'Algérie à la ZALE. Le ministre s'est montré, par ailleurs, inquiet par rapport à l'augmentation constante de la facture d'importation, estimée à 35 milliards dollars. « C'est préoccupant. Avec ce rythme, les réserves de changes tariront dans quelques années », a-t-il déclaré. Avec 400 PME qui interviennent sur la structure du commerce extérieur, M. Benbada a relevé un paradoxe de taille lié à l'existence d'une disproportion entre ce nombre des PME et leur apport au commerce extérieur. Justifiant le montant de 2 milliards de dollars d'exportation hors hydrocarbures en 2008, M. Benbada considère que « l'Algérie n'a pas de culture d'exportation », non sans avouer par ailleurs la subsistance de « quelques écueils ». Abordant la question des Investissement directs étrangers, le ministre a reconnu implicitement les errements du gouvernement au lendemain de l'affaire de la vente des cimenteries d'Orascom au groupe français Lafarge. « Nous avons donné de grands avantages au début du siècle. Après avoir constaté quelques dépassements, nous avons (le gouvernement, ndlr) procédé à quelques rectifications pour protéger l'économie nationale », explique-t-il, en écartant d'un revers de la mains l'idée d'un quelconque retrait des investisseurs étrangers à la suite des correctifs apportés par le gouvernement. Concernant la mise a niveau des PME-PMI, le représentant du gouvernement a également reconnu, à demi-mot, le manque de cohérence entre son département et celui de Hamid Temmar. « Il y a encore la question de l'absence de coordination et de cohérence dans la mise à niveau des entreprises. Elle sera prise en charge lors des prochains conseils de gouvernement afin de lever ces dysfonctionnements », a-t-il affirmé. Plus de 120 000 PME-PMI ont été créées entre 2004 et 2008, a déclaré hier M. Benbada.