Le ministre du Commerce, El Hachemi Djaâboub, a jeté jeudi un pavé dans la mare en avouant que l'accord d'adhésion de l'Algérie à la Zone arabe de libre-échange (ZALE) et « entraînera à court terme des pertes fiscales pour l'Etat algérien et mettra en difficulté les entreprises algériennes qui n'ont pas été mises à niveau », rapporte l'APS. Le ministre, qui a rencontré les représentants de plusieurs associations patronales lors d'une journée d'information sur ce sujet, a souligné que l'intégration de l'Algérie à la Zale n'a pas que des inconvénients. Elle est ainsi un vecteur de « diversification des fournisseurs » de notre pays et offre « un accès à des conditions avantageuses des produits algériens et l'encouragement des investissements directs étrangers et des partenariats ». Les opérateurs économiques nationaux, pour leur part, ne l'entendent pas de cette oreille. Ils ont relevé plusieurs problèmes, à savoir l'accès de produits algériens aux marchés de certains pays arabes, celui des règles d'origine des produits et des inputs. Réda Hamiani, président du Forum des chefs d'entreprise (FCE), a estimé à cette occasion que l'Algérie n'est pas assez préparée pour intégrer cette zone, tout en déplorant qu'il n'y ait pas eu, au préalable de l'accord, une étude d'impact et d'harmonisation des politiques fiscales et d'emploi dans la zone arabe. Un autre opérateur a dénoncé la politique de deux poids, deux mesures en racontant ses déboires rencontrés dans un pays membre de la ZALE en matière de tarification douanière. Plus explicite, il a dit qu'il avait été obligé, au lendemain de l'adhésion de l'Algérie à la ZALE, de payer 83% de taxes pour l'exportation de ses produits alimentaires dans un pays, alors qu'un autre opérateur d'un autre pays arabe n'a rien déboursé pour l'exportation du même produit vers ce même pays. Certains opérateurs ont mis l'accent sur leur incapacité à concurrencer les produits importés. Le ministre du Commerce a voulu se montrer rassurant sur les appréhensions soulevées tant en matière de dumping que de pratiques commerciales déloyales et d'origine des produits. Il a rappelé que le gouvernement dispose de mesures pour protéger l'économie nationale et l'opérateur algérien. Une protection, a-t-il noté, qui passera par l'instauration réciproque de barrières non tarifaires à l'égard des pays qui ont recours à la même pratique ou par la vérification de tout produit introduit en Algérie. Au moment où ces mêmes chefs d'entreprises appelaient à l'ajournement de l'adhésion de l'Algérie à la ZALE, M. Djaâboub invitait les opérateurs à se rapprocher de la commission technique d'évaluation de la mise en œuvre de la ZALE pour signaler les infractions relevées et enclencher les enquêtes nécessaires. Par ailleurs, le ministre a reconnu que l'intégration de l'Algérie aux différentes zones de libre-échange reste « embryonnaire ». Il a annoncé dans la foulée l'entame, dès 2009, des négociations pour intégrer le marché commun des Etats d'Afrique australe et orientale (COMESA) et le marché commun d'Amérique du Sud (Mercosur).