Afin de réduire le coût des soins, la Cnas n'a pas trouvé mieux que d'adresser un courrier, sous forme de circulaire, avec l'approbation des ministères du Travail et de la Santé, aux médecins spécialistes et dentistes, leur enjoignant de se limiter à la prescription des médicaments relevant strictement de leur spécialité. La circulaire en question fait référence à un arrêté datant du 26/11/2006, mentionnant les nouvelles dispositions relatives au remboursement des médicaments. Ceux-ci ne seront pas pris en compte s'ils ne relèvent pas directement de la spécialité médicale requise par la maladie chronique. En d'autres termes, le médecin spécialiste traitant ne peut prescrire hors cadre de sa spécialité. A ce propos, une citoyenne, diabétique, insulinodépendante, se dit consternée par cette mesure. Dans le même ordre d'idées, celle-ci explique : « Je me fais suivre par un endocrinologue qui connaît tous mes autres problèmes de santé allant de pair avec le diabète, comme les fourmillements aux extrémités des doigts, les bourdonnements dans les oreilles, les maux de tête…pour cela, et en plus de mon traitement habituel, il me prescrit du Vastarel, médicament qui protège le cœur du diabétique. J'ai été choquée quand il a refusé d'ajouter ce produit sur mon ordonnance, sous prétexte qu'il a reçu des directives lui interdisant d'inscrire un médicament ne relevant pas de sa spécialité ». Ce médecin, par ailleurs éminent endocrinologue, conseillera à sa patiente, ni plus, ni moins, de consulter un autre spécialiste pour se faire prescrire le médicament en question. Ceci suppose l'ouverture d'un autre dossier, en plus d'un contrôle supplémentaire à la Cnas, et la dépendance, au bout du compte, de plusieurs autres praticiens. Une dame, souffrant de la même maladie chronique, ajoutera : « Je suis outrée qu'un médecin connu et ancien se plie aux instructions administratives au détriment de ses patients ; comment se soumet-il à ce qui s'apparente à de l'ingérence dans sa façon de traiter un malade ? ». Les pharmaciens débordés C'est un véritable parcours du combattant qui s'amorce pour ces malheureux, atteints de différentes maladies, dont le diabète, l'hypertension artérielle, la thyroïdie, l'asthme (récemment déclaré maladie chronique), en plus de celles neuropsychiatriques. Dans le même contexte, les malades chroniques, toutes pathologies confondues, sont contraints, selon eux, d'avoir recours au médicament d'origine, princeps ou molécule-mère, en cas d'absence du générique approprié, ce qui les amène à payer un supplément conséquent. D'après certains pharmaciens d'officines, 65 génériques sont en rupture de stock et 450 médicaments d'origine devront être prochainement retirés du marché, au profit de génériques de fabrication locale. Cependant, et toujours selon ces pharmaciens, la production nationale est loin de couvrir le marché, de par son insuffisance. A signaler également que le taux de remboursement est aligné au tarif de référence, à savoir celui du générique. Certains de ces patients renoncent carrément à prendre le médicament, faute de moyens. D'autres se voient forcés d'attendre que leur pharmacien en fasse la commande. A ce propos, une jeune pharmacienne dira : « Je n'ai plus le temps de servir les malades comme il convient ; je suis débordée, car je me retrouve à faire de la comptabilité, ajoutant ou retranchant la différence de tarif, ce que ne comprennent pas toujours ces mêmes malades, qui mettent la chose sur le compte d'une mauvaise prestation ». D'autres personnes, qui s'estiment lésées dans leurs droits, déclarent avoir cotisé durant 30 ans pour se retrouver, en fin de compte, à souffrir mille misères, comme si leur maladie ne suffisait pas ! A l'unanimité, ces citoyens interpellent l'ordre des médecins, seul habilité à se pencher sérieusement sur ces problèmes.