Les autorités françaises redoutent le transfert sur leur sol du conflit israélo-palestinien. Le gouvernement a lancé une mise en garde contre toute contagion en France du conflit et appelé au respect de l'unité nationale. Paris. De notre bureau La France ne laissera pas les extrémistes utiliser le conflit entre Israël et le Hamas « pour attiser les violences entre les communautés » sur son territoire, a déclaré le Premier ministre, François Fillon, devant l'assemblée nationale. Le président Nicolas Sarkozy avait auparavant déclaré que la France « ne saurait tolérer que la tension internationale se traduise par des violences communautaristes ». Les principaux hommes politiques sont montés au créneau pour prévenir tout risque de transposition en France du conflit israélo-palestinien, après l'agression d'une synagogue à Toulouse lundi soir, à l'aide d'une voiture bélier. Dans un communiqué, le président français considère que l'unité nationale et la solidarité « autour des efforts accomplis par la diplomatie française pour trouver des solutions justes et équilibrées constituent la seule réponse possible » dans les circonstances tragiques que vit le Proche-Orient. Des manifestations rassemblant des milliers de personnes ont eu lieu en France ces derniers jours contre l'intervention israélienne à Ghaza ou au contraire en soutien à Israël. Des débordements ont eu lieu samedi à Paris à la fin d'une manifestation en soutien à la population de Ghaza qui avait réuni près de 20 000 personnes. La ministre de l'Intérieur avait déjà réuni les principaux représentants des communautés juive et musulmane de France. Le dialogue entre le Conseil représentatif des institutions juives de France (CRIF) et le Conseil français du culte musulman (CFCM) semble au point mort, bien que les présidents des deux institutions ont fait part de leur accord pour « ne pas transposer » le conflit en France et tenté de désamorcer la crispation redoutée entre les deux communautés. Le rapprochement, amorcé en novembre 2008, entre le CRIF et le CFCM pourrait être gelé. Représentant de l'UOIF au CFCM, Fouad Alaoui se dit « inquiet » des positions des responsables juifs français. « Leur soutien inconditionnel à Israël et l'absence de nuances dans leurs positions conduisent à l'amalgame entre la communauté juive et Israël. » Le président du CFCM, Mohammed Moussaoui, a estimé que « le fait de transporter les tensions (du Proche-Orient) sur le territoire français n'est pas acceptable, puisqu'il y va de la cohésion nationale ». Il ne cache pas qu'il comprend l'émoi que peut susciter la situation. « Les événements actuels, avec les images qui défilent sur les écrans d'enfants déchiquetés, de corps carbonisés, de mosquées détruites, ne peuvent laisser insensibles des citoyens de confession musulmane de France ; des personnes, par passion, peuvent être amenées à agir sans contrôle et nous craignons que cela arrive », prévient-il. Les présidents du CFCM et du CRIF ont souhaité poursuivre le dialogue entre les deux communautés, même s'ils reconnaissent que le dialogue traverse un moment difficile.