L'exploitation, la maltraitance, la violence et tous les fléaux sociaux qui sont en train de détruire les rêves des enfants ont été à l'ordre du jour d'une table ronde. Dans le cadre de la sensibilisation contre l'exploitation des enfants dans la mendicité, l'association Ikhoulaf et ses partenaires ont organisé une table ronde autour du thème dans la soirée de mardi dernier à la salle des délibérations de l'APC d'Akbou. Les invités ont débattu de la problématique des enfants victimes, en posant plusieurs questions, et ont tiré la sonnette d'alarme à propos de ce fléau qui prend des proportions inquiétantes. Qu'attendent les autorités concernées pour intervenir ? Ces enfants, sont-ils enregistrés administrativement ? Sont-ils scolarisés ? Sont-ils vaccinés ? Pourtant ils sont algériennes et algériens, ce pays ne prône-t-il pas le système social depuis l'indépendance ? Le malaise social gagne de plus en plus d'espace, d'où le nombre de mendiants qui augmente dans nos rues, tandis que les solutions sont infimes, lorsqu'elles existent. Ce constat a interpellé l'association Ikhoulaf des victimes de la séparation conjugale en cette Journée mondiale contre le travail des enfants, qui coïncide avec le 12 juin de chaque année. Plusieurs intervenants, qui s'intéressent à la question de la protection de l'enfance, ont apporté leur contribution dans le but d'aider à réduire l'étendue de ce fléau qui sème le malaise dans notre société, principalement en milieu urbain. Bachir Saâdi, modérateur de la table ronde, a fait «le constat amer de la situation que vivent les enfants et l'abandon qui est leur sort malgré les deux articles qui les citent dans la Constitution». Il a interpellé les élus «afin d'user de l'appui qu'ils possèdent pour saisir la justice sur les cas qui existent au sein de leur localité». Le président de l'association Ikhoulaf, Yazid Djerah, pense que «cette question mérite toute notre attention». «C'est malheureux de constater qu'aucun candidat aux élections locales passées n'a parlé dans son programme de cette frange de la société. L'enfance est un sujet sensible et nos responsables sont aujourd'hui face à leurs responsabilités. Sur le terrain, je suis souvent confronté à des situations insupportables. La vie d'un enfant est fragile nous devons préserver son avenir», déclare-t-il. D'après Mme Benamara, présidente de l'association Espérance, pour autistes, «il faut faire la différence entre responsabiliser ses enfants et les faire travailler». Le psychologue de l'association, Chellat Sofiane, s'est étalé sur la personnalité d'un enfant mendiant. «Le fait d'utiliser les enfants dans la mendicité rend impossible la construction de leur personnalité. L'enfant, quel qu'il soit, devient un voleur avec le temps, quand les gens cesseront de lui donner de l'argent, soit il développe un complexe d'infériorité et vivra marginalisé, quand il sera en âge de découvrir la signification de ce qu'il a vécu» explique-t-il. Pour le lieutenant de la police scientifique, présent à la table ronde, «le problème dépasse ce fait». «Ils vont jusqu'à se déguiser en mendiants pour s'attaquer aux maisons et voler des objets de valeur. Nous avons vécu des cas dans la région d'Akbou, où des foyers sont cambriolés par des présumés mendiants», témoigne-t-il. Les mendiants fréquentent surtout la zone urbaine, notamment les lieux publics, comme les mosquées et les marchés, où des enfants tendent la main aux passants pour avoir des pièces de monnaie. Des adultes se cachent derrière cette pratique qui compromet le développement de l'enfant et influe sur son cercle social, son évolution et sur la société dans sa globalité. «Demandeurs d'aumône», «mendiants», «misérables» sont des noms qui leur sont attribués. Ce qui est sûr, c'est que ces enfants ne tendent pas la main par plaisir mais parce qu'ils y sont contraints.