Les services sociaux, se constituant partie civile, accusent ces nouveaux «esclavagistes» des temps modernes d'exploitation des enfants. L'esclavagisme revient en force prenant la forme de la mendicité. Ce phénomène est-il devenu une profession à telle enseigne que l'humanisme est bafoué? Les services de l'action sociale, sûrs de ce qu'ils avancent, font état d'un phénomène aux courbes aussi bien multiformes que fulgurantes. Dans leurs sorties quotidiennes, ils font état du «ramassage» de près de 15 personnes sans domicile fixe pour les placer dans des maisons de retraite. Là est toute la trouvaille à laquelle ont droit les agents en charge d'une telle opération en procédant à la vérification d'identité. Parmi les sans domicile fixe se cachent des personnes dévergondées ne trouvant rien de mieux à faire que de mettre en péril la vie des enfants en bas âge, en majeure partie des nourrissons. Selon les bilans des mêmes services, l'on dénombre ainsi deux à trois mendiants qui utilisent ces enfants pour appâter les passants. Des mesures sont prises sur place en traduisant ces faux mendiants devant les tribunaux. Les services sociaux, se constituant partie civile, accusent ces nouveaux «esclavagistes» des temps modernes d'exploitation des enfants. L'action sociale réagit dans le cadre de la protection de l'enfance, quoique cette catégorie de société continue à constituer un non-événement. Ainsi donc, il s'agit là d'une véritable problématique contre laquelle les services sociaux sont appelés et encore une fois interpellés à redoubler d'efforts en renforçant leurs sorties en vue de juguler un tel phénomène qui continue à prendre des courbes fulgurantes. Car, l'image qui s'offre quotidiennement dans les rues d'Oran est à la fois hideuse et désolante. Dépourvus du moindre brin d'humanisme, ces faux mendiants, constitués très souvent de femmes venues des quatre coins de l'Oranie, exposent des enfants, qui souvent ne sont pas les leurs, à tous les aléas de la nature, notamment pendant cette saison qui s'annonce glaciale, l'hiver. Dans leur mode d'emploi, ces mendiants professionnels n'hésitent pas à dévêtir ces petits poupons ou encore à exposer leurs parties intimes aux règles rigoureuses de l'hiver, rien que pour amadouer. C'est l'un des constats qui s'offre dans le coin appelé Triangle, situé à deux encablures du jardin de la rue Khemisti. Une femme d'un âge avancé ne trouve rien de mieux à faire que de lâcher un enfant pieds nus, apostrophant les passants pendant que la femme passe à l'action en tendant la manche. Un peu plus loin, très précisément dans le mur de l'ex-grand garage du centre, une autre jeune femme venue de Sidi Bel Abbès occupe un pan entier du trottoir en quémandant, à longueur de journée. Pour bien réussir son coup, la jeune femme exhibe un tas d'ordonnances appartenant au nourrisson qu'elle tient minutieusement dans ses bras. Plusieurs autres «faux mendiants» ne se gênent pour sillonner ainsi, à longueur de journée, les rues et ruelles d'Oran en se présentant dans un état lamentable, habits déchirés. D'autres bravent tous les tabous en faisant d'interminables queues devant les mosquées lors des prières. Cela se passe alors que plusieurs autres se bousculent devant les entrées des cafés, restaurants et bars. D'autres usent et abusent en adoptant d'autres modes opératoires dans le cadre de l'exercice de leur «métier légitimé» par la force des choses et à la faveur de la passivité des autorités locales et de l'absence des textes rigoureux réprimant sévèrement un tel fait qui s'est généralisé un peu partout dans les grandes villes. Ainsi, tous les chemins mènent à l'exercice de la... mendicité. Des personnes se font passer pour des pauvres en tendant la main. Pauvreté réelle ou délibérément provoquée? Les associations à caractère social ne font aucunement de ségrégation ni de discrimination en venant à la rescousse des familles démunies. Cela se passe pendant que le phénomène de la mendicité s'accentue. Faire la manche est devenu un simple exercice de routine. Les chefs-lieux des centres urbains sont transformés en réceptacle où se rencontrent des mendiants venant de les régions de l'Ouest pour quémander en usant de tous les moyens pouvant amadouer les passants. Aucun des dispositifs mis en place n'a pu stopper l'avancée, à pas de géant, du fléau. Les bilans fournis par les ser- vices sociaux sont révélateurs d'une telle évidence. Dans un passé récent, plus de 2300 mendiants sillonnaient les artères de la ville. La majeure partie de ceux-là est constituée, outre de mendiants locaux, de Maliens et Syriens qui ont fui la guerre dans leurs pays respectifs. Ceux-là sont bien pris en charge par les populations en leur offrant des vêtements et de la nourriture. Mais, le phénomène est loin d'être éradiqué de sitôt. En faisant la part des choses, les bienfaiteurs optent pour le placement de leurs pièces de monnaie dans les bonnes mains, celles des nécessiteux, que d'encourager la mendicité professionnelle. «Personnellement, je ne donne pas d'argent à ces gens-là, je ne veux pas contribuer à leur fortune, n'empêche qu'il y a des gens vraiment nécessiteux, mais ces faux mendiants ont tout faussé», dira un jeune homme expliquant que «plusieurs dizaines de mendiants ont engrangé des fortunes grâce à l'exploitation des enfants et personnes aux besoins exceptionnels, les handicapés». En un mot, des hommes et des femmes se font passer pour des mendiants alors qu'ils ne le sont pas. Là est toute la problématique à traiter par les sociologues.