Quoi de plus douloureux que l'éclatement d'une famille par la rupture conjugale. Notamment pour les enfants. C'est dans l'optique d'apporter aide et assistance à cette frange que 16 personnes, toutes victimes du divorce, ont décidé, en août 2006, à Akbou, de créer une association pour enfants victimes de la séparation conjugale. Ikhoulaf (bourgeons), c'est le nom de cette association, s'est fixée comme objectifs, entre autres, de protéger les enfants victimes du divorce, de sensibiliser la société sur ce sujet tabou et la réinsertion de ces enfants dans le milieu social. Cette association, la seule au niveau national qui traite de ce fléau, à en croire son président, Djerrah Yazid, tente, bon gré mal gré, d'avoir des ramifications à travers des réseaux (APC, hôpitaux, associations,...) afin d'attirer l'attention sur ce problème social dramatique. Mais avec les moyens rudimentaires dont elle dispose, elle voit sa tâche quelque peu compliquée. Cependant, loin de désarmer, elle a ouvert une cellule d'écoute au niveau du cinéma « 20 août » de la ville d'Akbou où elle établit des dossiers, collecte des informations sur ces enfants, et tente d'aider ceux qui sont en difficultés. Elle se déplace aussi chez des familles où le divorce est en instance d'exécution pour tenter de réconcilier les deux époux. Ainsi, les membres de cette association se sont déplacés, à cet effet, à Ighil-Ali, Tamokra, Chellata, Seddouk, Ighzer Amokrane, en plus bien sûr d'Akbou. D'après Yazid Djerrah, l'association projette de créer une instance qui assistera aux divorces pour intervenir auprès du tribunal au cas où les enfants victimes sont lésés parce que, d'après notre interlocuteur, une fois le divorce est prononcé, il n'y a aucun suivi psychologique et social pour l'enfant. « C'est pour cela qu'il faudra adapter la pension alimentaire aux besoins réellement exprimés par l'enfant durant toute cette phase critique de sa vie et ce jusqu'à 18 ans » ajoutera-t-il. La maltraitance, la négligence sont aussi le lot de cette « solution » des adultes qui mène la vie dure à ces enfants. Comme l'a laissé entendre une jeune femme divorcée, éplorée, qui a témoigné sur ce qu'endure son enfant de 10 ans qui vit avec son père et sa marâtre. « Il a eu une torsion au bras et ils ne l'ont même pas emmené consulter un médecin. Il a les mains tordues à cause du mépris de son père et de sa marâtre, qui le bat d'ailleurs » témoigne-t-elle la gorge nouée par des sanglots. Elle assure que son enfant a eu de mauvais résultats scolaires suite à ce qu'il a vécu. Cet enfant se retrouve otage des deux camps en conflit et est, malheureusement, utilisé comme une arme dans un bras de fer fait de vengeance et de ressentiments entre les ex époux. Ce n'est qu'un exemple parmi tant d'autres qui renseigne sur la situation de ces enfants qui ne comprennent pas leur tort dans les recours au divorce qui, à en croire M. Djerrah, est en progression ces dernières années. Il donne un chiffre effarent. Pour uniquement la commune d'Akbou, 68 cas de divorce par an, soit 6 divorces par mois. La douleur est d'autant plus lancinante lorsque des enfants en bas âge sont mêlés, à leurs corps défendant, au divorce de leurs parents. C'est l'une des conséquences dramatiques du divorce. L'enfant n'est malheureusement pas protégé lorsque la sentence « assassine » est prononcée au tribunal.