« Les décideurs ont usé de tous leurs moyens pour casser la conscience politique » l « En 1962, le groupe d'Oujda a pris le pouvoir par la force », a-t-il déclaré. Tizi Ouzou. De notre bureau Comme à chacune de ses sorties publiques, Karim Tabbou, premier secrétaire national du FFS, fustige le pouvoir qu'il accuse sans ambages de vouloir « semer le désordre pour régner ». D'ailleurs jeudi, lors d'une conférence-débat animée à Tigzirt, dans la wilaya de Tizi Ouzou, il s'est montré très virulent à l'égard du régime. Devant une salle archicomble, l'orateur a déclaré d'emblée : « nous sommes dans un pays d'injustice où il y a énormément d'écart entre le pouvoir et les citoyens. En Algérie, il existe une dictature qui ne rougit pas. Tout a été fait pour éclater la situation et disperser les Algériens. C'est pour cela qu'il y a rupture entre la population et ceux censés la représenter. » Le premier secrétaire de la formation de Hocine Aït Ahmed a relevé que les décideurs « nourrissent la politique de l'organisation du désordre » pour, estime-t-il, créer le maximum de flou dans la société et provoquer, par la même, « un vertige populaire ». Pour étayer ses dires, K. Tabbou explique que la stratégie du pouvoir reste indubitablement l'isolement du citoyen des affaires politiques. « L'objectif du régime, a-t-il fait remarquer, consiste à arriver à tout casser pour tout contrôler. » Abordant la révision de la Constitution, le conférencier dira : « Quand Bouteflika s'est permis, à lui seul, de dissoudre les APC en 2005, contre ceux qui ont voté pour ces assemblées, c'est à ce moment-là qu'il a décidé de remplacer la population et de réviser la Constitution. Donc, personne ne peut s'en étonner. Car, depuis le coup d'Etat de 1991, le système de corruption fonctionne parfaitement dans ce pays. Les décideurs ont usé de tous leurs moyens pour casser la conscience politique. Ils ont utilisé l'Islam, les zaouïas et même les archs, devenus, aujourd'hui, un produit de congélateur », a-t-il ajouté. Pour lui, « il faut absolument ressourcer la scène politique nationale par des énergies nouvelles qui viennent de la population, et ce, afin de rouvrir les portes de l'espoir et de l'avenir ». Pour ce qui est de la prochaine élection présidentielle, K. Tabbou a affirmé que ce scrutin n'intéresse pas son parti ; le FFS ne sera pas de la course. « Le régime a un seul mandat depuis l'Indépendance. En 1962, le groupe d'Oujda a pris le pouvoir par la force. Il y a eu de graves dérives lors de la rédaction de la première Constitution de l'Etat algérien. Donc, on ne peut pas parler du troisième mandat de Bouteflika puisque tout était une succession de mises en scène. » Enfin, évoquant les agressions et les raids israéliens sur les Palestiniens à Ghaza, K. Tabbou précise qu'« il y a une société civile internationale qui se manifeste, malheureusement, un régime qui ne s'appuie pas sur la population ne peut pas prendre de position politique sur ce qui se passe à Ghaza. C'est le cas d'ailleurs de l'Algérie ».