Le responsable du parti de Hocine Aït Ahmed a développé, devant une foule nombreuse, un discours radical et critique à l'égard du pouvoir. “Pour une Kabylie belle et rebelle”, tels étaient, avant-hier, à Aïn El-Hammam (Tizi Ouzou) les premiers mots d'ordre des militants du parti de Hocine Aït Ahmed. Après l'appel au boycott, suivi de marches, jeudi dernier à Tizi Ouzou et à Béjaïa, Karim Tabbou, secrétaire national du FFS, a encore une fois brandi son carton rouge contre le pouvoir à Aïn El-Hammam où il a animé un meeting populaire devant une foule de près de 3 000 personnes, organisé sur la place publique de cette ville. Le numéro deux du plus vieux parti d'opposition a indiqué qu'il faut écrire une nouvelle page dans l'histoire de ce pays en refusant tout d'abord l'arbitraire des urnes de ce 9 avril. “C'est une élection qui n'a pas de sens. Le pouvoir fait semblant que tout bouge pour que tout reste en place. Nos responsables font de leur mieux pour se donner une façade pluraliste à cette élection, mais au fond, les jeux sont déjà faits”, dira Karim Tabbou sous un tonnerre d'applaudissements des militants de son parti et des citoyens qui ont rallié, nombreux, le meeting. L'orateur pointera du doigt, comme à l'accoutumée, Yazid Zerhouni, le ministre de l'Intérieur qu'il accuse d'user d'“anciennes pratiques colonialistes”. “Les décisions prises par Zerhouni contre le FFS sont les mêmes que celles qu'avait prises le général de Gaulle contre Aït Ahmed en 1955.” En réponse au Président-candidat après ses déclarations à Tizi Ouzou, Karim Tabbou se demande “comment un président de la République peut ignorer l'origine des évènements du Printemps 2001 et comment peut-il ignorer que des jeunes ont été tués par des gendarmes snippers en Kabylie ?”, avant de définir que “la conscience” reste un témoignage de ce qu'on aura fait de bien ou de mal dans la vie. À propos de la “menace de retrait” faite par les autres candidats, le premier secrétaire national du FFS a ajouté qu'“ils ont amené des candidats qui ne se retirent jamais. Leur unique souci, c'est l'argent.” Le dernier jour de la campagne électorale a été, par ailleurs, l'occasion d'un véritable show pour Karim Tabbou qui n'a ménagé ni les candidats ni le système en place, tout au long d'une caravane qui l'a mené dans différentes localités de la wilaya de Béjaïa. À Sidi-Aïch, le responsable du parti de Hocine Aït Ahmed a développé devant une foule nombreuse un discours radical et critique à l'égard du pouvoir. “Nous avons bravé la peur et les interdits qui nous ont été imposés et votre présence aujourd'hui nous donne plus de force. Au FFS, nous n'avons confiance qu'en la population”, lance-t-il. L'orateur commence alors son réquisitoire en déclarant, notamment à l'adresse du candidat Bouteflika : “Comment un chef d'Etat, qui a appelé à la réconciliation nationale, a-t-il dû recourir à toute une armée pour venir à Béjaïa ?” Le premier secrétaire du FFS lancera aussi devant une foule en délire : “Arrêtez de vous moquer des Algériens, respectez le peuple, il a trop souffert !” Revenant sur le passage de Bouteflika à Tizi Ouzou, Karim Tabbou révélera à son auditoire que les responsables de la campagne du Président-candidat “ont numéroté les invitations. La moitié, c'est pour les citoyens ramenés par bus, l'autre pour les policiers”. Le Printemps noir a été également évoqué. “C'est une insulte pour la région de la part d'un Président qui dit ignorer les commanditaires. Souvenez-vous, c'est Zerhouni qui a traité Guermah Massinissa de voyou”. M. Tabbou abordera, enfin, le pouvoir d'achat des Algériens qu'il qualifie de catastrophique. “Le pouvoir d'achat se dégrade, regardez les prix affichés dans les marchés”. Sans omettre au passage de brandir un carton rouge contre le système en place. S'agissant du boycott prôné par son parti, il dira : “La bataille psychologique, nous l'avons gagnée.” Karim Tabbou clôturera son meeting à Sidi-Aïch en paraphrasant son président Hocine Aït Ahmed, déclarant que “la nation algérienne a besoin de sortir de l'omerta”. A. HAMMOUCHE et Kocila Tighilt