Abderrezak Fakhardji est décédé, à l'âge de 73 ans, le 12 janvier 1984, suite à une maladie. Professeur de musique classique algérienne, feu Abderrezak Fakhardji, a consacré toute sa vie au service de cet art national. Le défunt s'est, très jeune, initié au contact de ses deux frères aînés, Hamidou et Mohamed, à la musique classique andalouse. Il jouait avec aisance à la percussion, à la mandoline et au violon-alto. En 1929, il adhère à la toute nouvelle association, El Andaloussia, où son frère Mohamed y enseignait. Il aura la chance de rencontrer un disciple du maître Mohamed Sfindja, décédé en 1908, en la personne de Makhlouf Bouchara auprès duquel il recueillera quelques morceaux relativement rares. Au lancement de l'association El Djazaïria — connue depuis 1951 sous l'appellation d'El Djazaïria-El Mossilia — en janvier 1930, il décide, en compagnie de son frère Mohamed, de l'intégrer. Son passage au niveau de cette association lui permit d'enrichir son répertoire auprès de Mohamed Ben Teffahi, fidèle disciple de Mohamed Sfindja, et auquel il succédera, plus tard, pour former, à son tour, toute une pléiade d'élèves. Expérience aidant, il occupa respectivement de 1935 à 1952 et de 1952 à 1982, les fonctions de professeur de la classe supérieure à El Djazaïria-El Mossilia et au Conservatoire d'Alger. Il est important de souligner que Abderrezak Fakhardji a été appelé, en 1945, à conduire, sous la direction de son frère Mohamed, l'orchestre de musique classique andalouse de Radio-Alger, composé d'une trentaine d'éléments, pour accompagner, avec son incomparable archet, les chanteurs les plus réputés. A la mort de son frère en 1965, il le remplaça comme titulaire et continua son action. En 1964, il cessera toute activité à la radio pour se consacrer entièrement à l'enseignement. Il a ainsi formé une pléiade d'élèves dont, entre autres, Sid Ahmed Serri et Nourredine Saoudi qui se trouvent actuellement en première ligne pour continuer la lutte que menaient leurs maîtres. Abderrezak Fakhardji a participé en 1996, 1968 et en 1972 à plusieurs festivals nationaux de musique classique, organisés par le ministère de l'Information chargé de la Culture. Pour ceux qui s'en souviennent, il a eu à assurer la direction de l'Orchestre d'Alger, mettant en relief la richesse et la qualité du patrimoine musical, face à une représentation étrangère dont, entre autres, le Maroc, la Tunisie, la Libye, l'Egypte, la Syrie, l'Iran, la Turquie, l'Espagne. Pour le jeune élève qu'il était à l'époque, Sid Ahmed Serri garde de bons souvenirs de son illustre et irremplaçable professeur. « C'était, confie-t-il, un grand monsieur sans lequel il n'y aurait pas cet imposant répertoire musical. C'était un professeur exceptionnel. Je ne pense pas qu'il y aurait eu un autre professeur comme lui et ce, à travers le territoire national. » Le président de l'association Abderrezak Fakhardji, Abdelwaheb Nefil, estime, pour sa part, que ce recueillement sur sa tombe est la moindre des choses à faire à défaut d'organiser un concert à la dimension de l'homme. « J'aimerais attirer les médias pour sensibiliser davantage le public sur l'importance de ce grand maître qui a pérennisé la musique classique algérienne jusqu'à nos jours », dira-t-il.