Grande première pour les Palestiniens qui élisaient hier le successeur du défunt président Yasser Arafat en choisissant parmi sept candidats, ce qui constitue la seule innovation par rapport au premier scrutin du genre tenu en 1996 lorsqu'il fallait appliquer les accords palestino-israéliens d'Oslo, et en ce sens, mettre en place la toute nouvelle Autorité palestinienne. Israël, surtout depuis l'élection d'Ariel Sharon au poste de Premier ministre, a laminé cette structure dont il ne reste qu'une pâle copie. Ce qui n'a pas empêché les Palestiniens de prendre avec beaucoup de sérieux ce rendez-vous. Le grand favori de cette élection , Mahmoud Abbas, a affirmé que le scrutin se déroulait d'une manière « formidable ». M. Abbas a dénoncé des « obstacles » israéliens dans les territoires occupés tout en estimant qu'ils ne décourageraient pas les électeurs palestiniens. « La participation est jusqu'à présent encourageante et forte, notamment celle des femmes. Je suis content d'avoir exercé mon droit démocratique en votant », a conclu ce candidat favori. Interrogé sur l'impact du boycott du scrutin auquel ont appelé le Hamas et le Jihad islamique, il a assuré que « personne ne boycotte les élections ». « Tous les citoyens se sont rendus aux urnes aujourd'hui. Je pense que le Hamas a donné des ordres à ses membres pour voter aujourd'hui », a-t-il ajouté. Quant à son principal rival, l'indépendant Moustapha Barghouthi, il a dénoncé des irrégularités dans le déroulement du scrutin. « Deux grosses violations ont été commises dans le processus électoral », a déclaré M. Barghouthi à la presse avant de voter dans une école de Ramallah. M. Barghouthi a déploré la publication hier dans un journal palestinien d'une annonce par les promoteurs d'une initiative de paix non officielle appelant à voter pour M. Abbas, alors que la propagande électorale devait cesser vendredi à minuit. M. Barghouthi a, en outre affirmé que l'encre indélébile, utilisée par la Commission électorale palestinienne (CEC) pour marquer les pouces des électeurs, « peut être lavée avec de l'eau ». La CEC avait indiqué le 3 janvier que l'encre, utilisée pour éviter les fraudes, ne s'effacerait que 48 heures après le vote. Cette mesure a été adoptée pour empêcher que des électeurs votent plusieurs fois dans différents bureaux de vote, et selon des témoignages concordants, l'encre ne s'enlève pas. Par ailleurs, la conférence internationale portant sur les réformes palestiniennes aura lieu les 1er et 2 mars à Londres, a annoncé hier le Premier ministre britannique Tony Blair. « Je pense pour la première fois depuis longtemps, nous avons une possiblité de faire des progrès » sur le dossier du Proche-Orient, a déclaré M. Blair. « Nous avons un nouveau gouvernement israélien qui est déterminé à revigorer le processus de paix. Nous avons une nouvelle direction palestinienne qui veut la même chose », a-t-il dit. « Préparer les Palestiniens à la possibilité d'avoir un vrai Etat palestinien » est maintenant d'une importance primordiale, a-t-il poursuivi, expliquant que c'était l'enjeu de « la conférence qui va maintenant avoir lieu les 1er et 2 mars » dans la capitale britannique. La conférence doit, dans l'esprit des Britanniques, aider la direction palestinienne à accomplir les réformes nécessaires pour être un interlocuteur d'Israël et des Etats-Unis et profiter du désengagement prévu de Ghaza. La future secrétaire d'Etat américaine Condoleezza Rice ainsi que des représentants du Quartette (ONU, Union européenne, Etats-Unis, Russie) et du Japon, du Canada, de l'Egypte, de la Jordanie et de l'Arabie Saoudite notamment devraient participer à cette réunion d'une journée. Telle que déclinée, l'importance accordée à cette rencontre reste à prouver surtout pour les Palestiniens pour le moins réservés, car à les entendre, il y a un plan, c'est la feuille, et il ne demande qu'à être appliqué. Pourquoi s'interroge t-on sur tant de procédures ?