Le système des subventions sera revu dès l'année prochaine, a annoncé le ministre des Finances, M. Raouia, sur les ondes de la Radio algérienne. Une révision qui devrait mettre fin à l'iniquité qui caractérise, depuis des décennies, le soutien de l'Etat des prix à la consommation des produits énergétiques ou autres, dits de première nécessité, généralement importés ou tout simplement de l'eau... Aujourd'hui que les ressources financières générées par le pétrole ont nettement diminué, les pouvoirs publics se voient contraints d'opter pour un système de subventions qui ciblerait de manière distincte les citoyens qui en ont le plus besoin. On apprend ainsi de la bouche même du ministre que, jusqu'à présent, les catégories les plus pauvres n'ont bénéficié que de 7% du soutien des prix des produits de première nécessité contre le double, soit 14%, pour les plus aisées. C'est dire l'injustice d'un système censé contribuer à l'amélioration des conditions de vie des franges les plus exposées de la population. Mais cette révision, qui doit se faire avec l'appui de la Banque mondiale et des instances financières internationales, concernera, dans un premier temps, les produits énergétiques, c'est-à-dire l'électricité, le gaz et les carburants, dont les prix à la consommation restent encore trop bas par rapport aux standards internationaux. Et surtout parce qu'ils accaparent plus de 30% du budget de l'Etat ; l'essentiel du système des subventions leur est donc consacré. Même après les augmentations des prix des carburants intervenues depuis janvier dernier, les experts reconnaissent que des ajustements doivent encore être effectués pour parvenir à un alignement sur ceux des pays voisins. Des prix trop bas donc, qui entraînent une surconsommation, notamment en électricité. Par habitant, elle correspond au double en moyenne de celle des autres pays du Maghreb. Qui dit surconsommation dit forcément gaspillage, d'autant que rien n'est entrepris pour maîtriser et rationaliser l'utilisation de cette énergie produite à partir d'une ressource non renouvelable, le gaz naturel. De plus, rien n'est fait pour encourager la transition énergétique, dans un pays où les potentialités d'ensoleillement du territoire plaideraient en faveur de l'énergie solaire. Les estimations les plus pessimistes font ressortir qu'avec à peine la moitié des moyens consacrés à faire parvenir l'électricité et le gaz aux populations les plus reculées et les plus isolées, on aurait pu aboutir à une meilleure pénétration des énergies renouvelables à usage domestique et collectif. C'est dire combien est grand le retard cumulé dans la transition énergétique, alors que les possibilités techniques existent aussi bien dans le secteur public avec des entreprises comme Sonatrach que dans le privé où des initiatives dans l'industrie photovoltaïque ont été couronnées de succès. Le recours à des partenariats audacieux avec des leaders mondiaux dans le domaine des énergies renouvelables, avec l'apport technologique des universités et des centres nationaux de recherche, permettra de relever le défi de la transition énergétique. Et par conséquent, de réduire considérablement la dépendance à l'égard des ressources fossiles, pour le bien-être des populations, à condition, bien sûr, de changer leurs habitudes de consommation à l'égard de ces «richesses» épuisables.