Quatre mois après l'empoisonnement de l'ex-espion Sergueï Skripal et sa fille Ioulia au Novitchok à Salisbury, deux Britanniques, retrouvés samedi dernier dans un état critique à une quinzaine de kilomètres de cette ville du sud-ouest de l'Angleterre, ont été exposés au même agent innervant, selon la police. La police antiterroriste britannique a repris l'enquête après l'identification par le laboratoire militaire de Porton Down de la nature de la substance, un agent neurotoxique de conception soviétique. «Ce soir nous avons reçu des résultats d'analyse qui montrent que les deux personnes ont été exposées à l'agent innervant Novitchok», a déclaré à la presse Neil Basu, chef du contre-terrorisme britannique. Les victimes, identifiées par un ami comme étant Charlie Rowley et Dawn Sturgess, ont été retrouvées dans une habitation de Muggleton Road, dans un quartier résidentiel d'Amesbury ; elles ont été transportées ensuite à l'hôpital de Salisbury. Après enquête, il s'est avéré que la veille de leur hospitalisation dans un état critique, les deux Britanniques exposés au Novitchok ont passé la journée à Salisbury, où avaient été empoisonnés les Skripal il y a quatre mois. «On a tous passé la journée à Salisbury, on s'est rendu dans différents magasins et au parc Elizabeth Gardens pour prendre un verre, c'était une belle journée d'été», a retracé Sam Hobson, 29 ans. Ensuite, ses amis, qu'il a identifiés comme étant Charlie Rowley et Dawn Sturgess, «sont partis pour discuter». Samedi matin, les secours ont été appelés. Cette double tentative d'assassinat a été attribuée par le Royaume-Uni, soutenu par ses alliés occidentaux, à la Russie, qui nie. L'épisode a entraîné une crise diplomatique Royaume-Uni et la Russie, ainsi que la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates russes et occidentaux de l'histoire. Le ministre britannique de l'Intérieur, Sajid Javid, a enjoint les Russes de «s'expliquer» après l'empoisonnement de deux Britanniques à l'aide du même agent innervant dont avaient été victimes un ex-espion russe et sa fille il y a quatre mois à Salisbury (sud-ouest de l'Angleterre). «Il est maintenant temps que l'Etat russe explique exactement ce qui s'est passé», a déclaré hier le ministre devant le Parlement. Désinformation «Ce n'est pas une querelle avec la population russe. Ce sont les actions du gouvernement russe qui continuent de porter atteinte à notre sécurité et à celle de la communauté internationale», a déclaré Sajid Javid. «Il est totalement inacceptable que nos citoyens soient des cibles délibérées ou accidentelles ou qu'on déverse du poison dans nos rues, nos parcs, nos villes», a-t-il ajouté. Pour ce qui est de l'avancement de l'enquête, la police tente de déterminer où et comment les deux nouvelles victimes ont été empoisonnées, alors que plusieurs sites avaient été décontaminés après l'affaire Skripal. Selon le ministre de l'Intérieur, «notre solide hypothèse de travail est que le couple est entré en contact avec l'agent neurotoxique dans un endroit différent des sites qui ont fait partie de l'opération de nettoyage initiale». Les Russes ont assuré hier ne pas disposer d'informations sur le nouvel empoisonnement et se sont dit «très préoccupés» par «l'utilisation répétée de telles substances en Europe». Mais selon Sajid Javid, il faut s'attendre à «une nouvelle désinformation du Kremlin comme nous l'avons vu suite à l'attaque de Salisbury.» Moscou a sommé, hier, le gouvernement britannique de «cesser ses intrigues» et a demandé une «enquête commune» après la demande d'explications, estimant que le Royaume-Uni devrait «s'excuser». «Au nom de la sécurité des citoyens de notre continent, nous appelons le gouvernement de Theresa May à cesser ses intrigues et jeux avec les substances toxiques et cesser de mettre des embûches sur le chemin d'une enquête commune», a déclaré la porte-parole de la diplomatie russe, Maria Zakharova. «Le gouvernement de Theresa May et ses représentants auront à s'excuser pour tout ce qu'ils ont fait, auprès de la Russie comme auprès de la communauté internationale. Cela viendra plus tard, mais cela viendra», a-t-elle ajouté. Par ailleurs, Maria Zakharova a aussi appelé «les forces de l'ordre britanniques à ne pas céder aux sales jeux politiques commencés par certaines forces à Londres et à coopérer avec les forces de l'ordre russes pour cette enquête». «Maintenant, il est important de lancer une enquête à grande échelle», a-t-elle continué, dénonçant «les tentatives sans fin de Londres pour manipuler l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques». Avec agences