Les récentes mesures prises par le gouvernement prônant une révision de la politique des investissements étrangers en Algérie ne sont pas du goût des investisseurs français. C'est Michel de Caffarelli, président de la CFCIA, qui est chargé de dire tout haut ce que les investisseurs français pensent tout bas. « Il existe une insécurité juridique. C'est dramatique », a-t-il estimé hier lors d'un point de presse animé au siège de la CFCIA à Alger. Et d'ajouter : « Il y a une nouvelle imposition fiscale et toutes ces lois qui changent brutalement ne sont pas de nature à encourager les investisseurs. » M. de Caffarelli faisait allusion aux mesures décidées par les pouvoirs publics l'été dernier, notamment l'institution d'une taxe de 15% sur les bénéfices transférables des sociétés algériennes dont les maisons mères sont implantées à l'étranger. Cette disposition a été, rappelons-le, incluse dans la loi de finances 2009. « Investir avec un point d'interrogation sur l'avenir n'est pas encourageant », estime encore le conférencier, désappointé. Jean-François Heugas, directeur général du CFCIA, a ajouté son grain de sel en estimant que « la mesure permettant à l'Etat algérien d'avoir 51% du capital des entreprises dissuade les investisseurs français ». 5,2 milliards d'euros d'exportations françaises vers l'Algérie Résultat des courses : deux grandes entreprises françaises se sont retirées d'Algérie, selon M. de Caffarelli, qui n'a pas souhaité révéler leurs noms. L'orateur s'est également plaint d'autres contraintes d'ordre bureaucratique, rendant l'implantation des entreprises étrangères encore plus difficile. « Il y a toujours des difficultés pour acquérir des marchés en Algérie. Les choses ne sont pas simples. Les formalités administratives sont longues en dépit de toutes les simplifications annoncées. A cela s'ajoute la flambée des prix de l'immobilier destiné à la location », fait-il remarquer. Le montant des exportations françaises vers l'Algérie a atteint 5,2 milliards d'euros en 2008, soit une hausse de 30% par rapport à 2007, selon M. de Caffarelli. C'est ainsi que les produits agricoles ont connu une augmentation de 80%, ceux de la chimie et de la pharmacie (entre 20% et 30% de hausse) et de l'automobile (+19%). Même s'il a indiqué que ce montant conforte l'idée que l'Algérie est « un bon marché », l'orateur a estimé que les parts de marché français en Algérie ont diminué sensiblement. Concurrence oblige ! Sur un autre plan, M. Heugas a indiqué que 350 entreprises françaises sont établies en Algérie. Lui emboîtant le pas, M. de Caffarelli considère néanmoins « illogique » que des entreprises françaises ne soient pas présentes en Algérie dans le secteur des travaux publics. Par ailleurs, la première édition du salon du pétrole et du gaz Hassi Messaoud Industries 2009, organisé par la CFCIA en partenariat avec la Chambre du commerce et de l'industrie de Marseille Provence (CCIMP), se tiendra du 28 au 31 janvier à Hassi Messaoud. « Notre stratégie est de maintenir la présence des entreprises françaises en Algérie en leur offrant un cadre d'exposition dans les différents secteurs et surtout de participer à l'essor de l'économie algérienne », déclare M. Heugas. Selon M. de Caffarelli, environ 110 entreprises françaises, algériennes et européennes sont inscrites pour ce rendez-vous consacré exclusivement à l'énergie. On peut citer, entre autres, Saint-Gobain abrasifs, Philips France, Nexans, Daher, Algérie Télécom, DHL, Zarubhexpo Jsc (Russie), Roxar Flox (Angleterre) et OP Srl (Italie) et d'autres encore. Une superficie de 3000 m2 leur est consacrée. Interrogé sur le choix de la CCIMP comme partenaire, M. Heugas dira qu'il n'est pas fortuit puisque la CCIMP déploie une activité économique intense en Algérie.