Les revendications des médecins portent essentiellement sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire pour l'intérêt du patient et l'épanouissement socioprofessionnel du médecin spécialiste. Des actions en solo après la forte mobilisation nationale. Le Collectif autonome des médecins résidents algériens (Camra) a lancé, hier, un appel à un sit-in régional le samedi 14 juillet dans l'enceinte du CHU Mustapha Pacha. Par son action, le collectif algérois veut dénoncer «l'ignorance et le peu de considération que porte la tutelle aux enfants du pays», mais aussi pour que «tout le monde sache que les médecins résidents sont toujours debout et prêts à faire valoir leurs droits», précise un communiqué «régional» rendu public hier. Suspendant leur mouvement le 25 juin, après huit mois de grève, les résidents ont voulu favoriser la reprise du dialogue avec leur tutelle. Si le ministère de la Santé n'a pas convoqué les délégués du bureau national (BN) du Camra, celui de l'Enseignement supérieur s'est empressé d'organiser la «session de rattrapage» de l'examen du diplôme d'études médicales spécialisées (DEMS) qui se déroulera jusqu'au 19 juillet. «Depuis le gel (après huit mois de grève, ndlr), les médecins résidents n'ont absolument aucune nouvelle ni n'ont reçu de contact de la part de la tutelle, malgré les nombreuses demandes d'audience formulées et réceptionnées par le ministère ! Il nous est impossible de trouver une explication satisfaisante et logique à cet état de fait, car il nous paraît que la parole d'un ministre devrait normalement faire foi», s'offusquent les «Camristes» algérois, en faisant allusion aux déclarations du ministre de la Santé, Mokhtar Hasbellaoui, qui a exigé l'arrêt de la grève pour reprendre langue avec les représentants des grévistes. Les rédacteurs du communiqué, fortement dénigrés par leurs camarades sur la page officielle du groupe (Camra 2017), affirment que les résidents «subissent quotidiennement menaces et intimidations en tout genre, allant parfois jusqu'à de véritables représailles éhontées et mesquines». Ouyahia a-t-il un plan ? Il est précisé aussi que depuis une semaine, les candidats à l'examen de fin de spécialisation (DEMS) «sont contraints de passer un examen dans des conditions ne répondant à aucune norme de par le délai accordé entre l'annonce de la date des épreuves et leur début, et par le fait qu'ils ne bénéficieront d'aucune session de rattrapage !» Si les résidents ont démontré une forte cohésion depuis le lancement de leur mouvement, des tiraillements étaient apparus au sein du bureau national du Camra. Les délégués les plus en vue ont été approchés par des «intermédiaires» qui leur ont promis la réouverture du dialogue et une prise en charge de leurs revendications. Le 13 juin, un appel à la reprise de l'activité de garde a été lancé. Mais les représentants du bureau national n'ont pas reçu d'invitation du ministre de la Santé. Décision a alors été prise de revenir sur la décision «jusqu'à nouvel ordre, tout en demeurant disposés à toute négociation permettant un dénouement de la situation». Finalement, la grève est «gelée», mais à ce jour, les délégués n'ont reçu aucune invitation de leurs tutelles. Les revendications des médecins portent essentiellement sur l'abrogation du caractère obligatoire du service civil et son remplacement par un autre système de couverture sanitaire pour l'intérêt du patient et l'épanouissement socioprofessionnel du médecin spécialiste, le droit à la dispense du service militaire, «comme tous les autres citoyens algériens», le droit à une formation de qualité, la révision du statut général du résident, le droit aux œuvres sociales. Si M. Hasbellaoui a rassuré sur la prise en charge des revendications des grévistes, l'annonce de réformes et la reprise éventuelle du dialogue attendent visiblement le feu vert du Premier ministre, Ahmed Ouyahia, qui a repris en main le dossier, ou même au-delà...