Mounir Bitam, ex-arbitre assistant international, a décidé de porter son affaire devant la FIFA. C'est ce qu'il a affirmé dans la lettre adressée au président de la Fédération algérienne de football (FAF), Kheiredine Zetchi, en date du 9 juillet 2018. Dans la correspondance, il écrit : «J'ai été victime de machination de la part des tenants qui présidaient aux destinées du football algérien qui non seulement ont usé de tous les subterfuges pour m'éliminer pour avoir dénoncé leurs méfaits allant jusqu'à présenter de faux titres, passibles du pénal. Pire encore, ils ont actionné leurs relais au niveau de la Confédération africaine de football (CAF) qui ont promptement obéi à leurs injonctions et n'ont pas hésité, à leur tour, à présenter de faux titres que je me réserve le droit de remettre en temps voulu à qui de droit (FIFA)». Mounir Bitam reproche à la FAF sa non-réhabilitation des mois après le dépôt d'un dossier de recours à la FAF à la fin de l'année 2017. Selon l'intéressé, «le dossier de ma suspension prononcée par des organes et structures de la fédération (commission d'arbitrage, commission de discipline, commission de recours) est entaché de graves irrégularités. La décision de ma suspension provisoire en date du 30 septembre a été signée par le Directeur national de l'arbitrage (DNA) qui à l'époque n'était pas reconnu par FAF avant le 9 janvier 2015 (voir le règlement de l'arbitrage)». Il évoque aussi «la décision anonyme de la radiation prononcée le 2 octobre 2014 sans qu'une signature soit apposée sur le document» et il conclut ses griefs par «le grave dépassement commis à mon encontre par la commission de recours qui a prononcé ma suspension de toute activité liée au football signée par le secrétaire général de la fédération en date du 8 octobre 2014». Il estime que «ces arguments suffisent amplement pour annuler la décision et me réhabiliter dans mes droits bafoués». Pour rappel, Mounir Bitam a affiché sur son tee-shirt un message dénonçant des responsables et des pratiques dans le football avant de quitter le terrain lors d'une rencontre de Ligue 2 (CABBA-WAT). «Collusion FAF-CAF» Mounir Bitam dénonce «la collusion FAF-CAF pour me contraindre au silence». Jugez-en. «Le match CABBA-WAT s'est joué le 19 septembre 2014. Le 20 septembre 2014, la CAF me transmet ma désignation pour la rencontre RD Congo – Côte d'Ivoire comptant pour les éliminatoires de la CAN 2015. 5 jours plus tard, c'est-à-dire le 25 septembre 2014, elle procède à mon remplacement et mentionne : ‘‘Pour des raisons d'ordre technique, il a été décidé de remplacer M. Mahmoud Mounir Bitam (Algérie), arbitre assistant 2, initialement désigné pour la rencontre susmentionnée, par Mokrane Gourari (Algérie)''. Quelles sont les raisons d'ordre technique sur lesquelles s'est appuyée la CAF pour suspendre ma désignation sachant qu'entre le 20 septembre et le 25 septembre, il n'y a pas eu de match ? Moi je dis que c'est la FAF qui a demandé à la CAF de me retirer du match RD Congo – Côte d'Ivoire sans aucun motif valable. L'ordre est parti d'Alger. La preuve, ma suspension provisoire, notez-le bien, m'a été signifiée par la FAF le 30 septembre 2014, c'est-à-dire 5 jours après la décision de la CAF. C'est une aberration ! Le 2 octobre 2014, la FAF m'a notifié ma radiation par un document non signé, anonyme. Pire, la décision de ma radiation a été prononcée par la commission de recours avec la signature du secrétaire général de la FAF qui n'était pas habilité à signer un tel document». Pour tous ces motifs, Mounir Bitam a décidé de recourir à l'arbitrage de la FAF pour être rétabli dans ses pleins droits. En tant qu'arbitre international à l'époque des faits (septembre 2014), il bénéficie d'un délai de 10 ans, après les faits, pour porter l'affaire devant l'instance faîtière du football international. A présent, il est clairement établi que la CAF lui a retiré une décision pour un match international de manière arbitraire. Il a tout à fait raison d'évoquer «un complot contre moi». La commission d'éthique de la FAF et celle de la FIFA n'auront aucune difficulté à le rétablir dans ses droits. Mounir Bitam prend soin de préciser : «Ma démarche n'est nullement motivée par une volonté de retour dans l'arbitrage. J'ai définitivement tourné la page. Je veux être réhabilité simplement.» Y. Ouahib