Aujourd'hui, Makri a «sabré» son offre de «l'appel à l'armée» et du terme «transition démocratique». A peine dévoilée, l'initiative de Abderezzak Makri est déjà tombée à l'eau. Ne voulant pas se déclarer vaincu, il poursuit sur sa lancée pour engranger un hypothétique gain médiatique. En s'efforçant de convaincre les partis dits de la majorité, il a perdu le soutien de l'opposition. L'initiative du MSP s'est fondée sur le fait que l'option d'un 5e mandat pour l'actuel chef de l'Etat soit éloignée. Or, tout indique que le bail sera renouvelé au profit de l'actuel locataire de la Présidence. A ce propos, la mise au point du vice-ministre de la Défense nationale, chef d'état-major de l'ANP, le général de corps d'armée, Ahmed Gaïd Salah et la multiplication des rencontres de coordination entre les partis du pouvoir, après le tête-à-tête entre les deux appareils de l'Etat, Djamel Ould Abbès et Ahmed Ouyahia, démontrent que la décision pour la continuité est actée depuis longtemps. Dès lors, l'offre politique de Hamas, déjà mal partie, n'a aucune chance d'aboutir à un quelconque résultat. Aujourd'hui, Makri, laissé seul, a sabré son initiative de «l'appel à l'armée», comme il l'a débarrassée du terme «transition démocratique». Autant dire qu'il l'a vidée de sa sève et lui a ôté ce qui constitue ses vrais enjeux. Conscient de l'irréversibilité d'un autre mandat pour le président Bouteflika, Makri prend son mal en patience, en annonçant qu'en fin de compte, la présidentielle d'avril 2019 n'est pas l'unique et dernière opportunité pour concrétiser le changement escompté. Pour tirer son épingle du jeu, le chef du parti du défunt Mahfoudh Nahnah, envisage de remettre ça à l'orée des législatives de 2022!. A titre de rappel, Makri a promis lors de son 7e congrès de mener sa formation à la victoire en 2022. Pour certains observateurs avertis, ce n'est pas tant l'appel à l'armée de s'impliquer pour garantir «le consensus national» et la période de «transition démocratique» proposée qui a sonné le glas de cette offre, qui a suscité, il est vrai, un semblant de dynamisme sur la scène politique, plongée dans un long et paralysant immobilisme, mais le lâchage de Makri par ses pairs et ses partenaires politiques de l'opposition. Par conséquent, réaliser un consensus autour d'un candidat commun à la présidentielle de 2019, est quasiment «impossible», selon de nombreux observateurs. Si le large consensus des partis proches du pouvoir autour de la continuité est presque évident, obéissant probablement à une injonction d'en haut, en revanche, rien, encore moins une initiative partisane, n'est en mesure de rassembler la classe politique, a fortiori ceux dits de l'opposition. Le concept de consensus en Algérie est considéré comme «un piège», par les politiques, dont Louisa Hanoune, secrétaire générale du PT. Le sort réservé à l'initiative du MSP ne diffère pas des précédentes. Malgré les concessions de Makri, la proposition du MSP, qui est une copie très pâle ou un lifting de la plate-forme collective de Mazafran avec son leitmotiv de transition démocratique, s'est heurtée à un mur d'incompréhension et de rejet. Dans ce contexte, le responsable du MSP, a précisé que sa formation est à sa dixième initiative depuis da création. Outre le piège lié au concept de consensus ou l'unanimité nationale, nombreux sont des politiques qui ont fait observer «le flou» caractérisant la finalité de cette initiative, ou le système politique de substitution auquel tend cette proposition. Il faut dire que les consultations bilatérales du Hamas se sont transformées en palabres politiques sans aucune perspective. Enfin, certains observateurs prêtent au MSP des velléités du retour sous le giron du pouvoir, d'autant plus qu'il n'a cessé de réaffirmer sa position «médiane» entre le pouvoir et l'opposition.