Sitôt annoncé, sitôt fait. Le Mouvement de la société pour la paix (MSP), dirigé par Abderrezak Makri, occupe le terrain et multiplie ses rencontres avec les partis et les personnalités pour discuter de son initiative portant sur le consensus national devant aboutir à une transition politique et économique. Le patron du MSP, qui s'est déjà entretenu avec le premier secrétaire du FFS, Hadj Djilani Mohamed, le président du MPA, Amara Benyounès, et Ali Benflis du parti Talaie Al Hourriyet, a rencontré hier le patron du FLN, Djamel Ould Abbès. Il compte également exposer, dimanche prochain, son initiative à la formation d'Ahmed Ouyahia, qui a répondu positivement à l'invitation. D'aucuns s'interrogent pourquoi ces deux poids lourds de la coalition présidentielle, qui de surcroît sont complètement opposés à l'idée de transition, acceptent de rencontrer le chef du MSP. Est-ce par respect et courtoisie ou cela répond-il à une arrière-pensée politique ? A-t-il reçu des garanties en prévision de la présidentielle de 2019 ? Hier à l'issue de son entrevue avec les dirigeants du FLN, Makri a nié avoir reçu des garanties de quiconque, ni avoir été approché par des personnalités «haut placé». «Nous sommes un mouvement transparent, nous avons rendu compte de toutes nos rencontres et le programme de notre activité, nous n'avons rien à cacher», s'est défendu Makri, qui explique que son initiative s'inscrit dans le respect de la Constitution en vigueur, affirmant qu'elle se fera, si elle venait à être adoptée, dans le respect du calendrier électoral. «Ce qui distingue cette initiative est qu'elle respecte les formes et les échéances constitutionnelles pour faciliter son acceptation. Aussi, avons-nous dit que l'élection présidentielle de 2019 sera une occasion importante pour la mettre en pratique dans l'intérêt du pays», tranche Makri qui par «consensus national» veut dire «un Président du consensus» et un «programme de consensus». Makri refuse d'aborder la question du départ de Bouteflika. Pour lui, le débat ne se situe pas à ce niveau. «Le sujet c'est d'abord le consensus. Il faut dans un premier temps se mettre d'accord sur les principes. Nous ne pouvons pas aller dans des détails qui peuvent miner cette initiative. Ce n'est qu'une fois cet accord trouvé que nous penserons ensuite à parler des noms, du 5e mandat. Est-ce possible ou pas ? Aujourd'hui, notre préoccupation est de sauver le pays qui passe par une crise économique très grave», déclare le président du MSP, qui reconnaît l'échec de toutes les initiatives initiées jusqu'à ce jour en raison de l'absence de volonté politique. Makri a insisté toutefois sur l'implication de toutes les parties, y compris l'institution militaire, pour la réussite de son projet. «L'armée est bel et bien intervenue lors des précédentes élections et nous avons été lésés, puisque nous avons été victimes de l'intervention des institutions de l'Etat et de l'armée dans les résultats des élections, alors pourquoi pas pour la réussite de notre initiative», accuse Makri. De son côté, Ould Abbès n'a pas manqué de souligner l'importance d'une telle rencontre, mais a émis quelques réserves, dont la principale est une possible intervention de l'armée, ce qui sous-entend pour Ould Abbès «un putsch». Il a rappelé à cet effet que le rôle de l'armée est défini par la Constitution. Ould Abbès conteste également le concept «transition démocratique» arguant que l'Algérie n'est pas une «dictature». «L'Algérie est une démocratie avec des élections régulières, la période des transitions politiques est dépassée», estime le patron du FLN. Makri a évoqué, en outre, sa rencontre avec le FFS qu'il qualifie de «très intéressante». «Pour nous, le plus important est d'apprendre des expériences des autres et avec le FFS nous avons beaucoup de points de convergence», note Makri. Rappelons que le FFS et le Mpa ont rejeté l'offre du MSP. Le premier a défendu sa propre initiative qui s'appuie sur la reconstruction du consensus national, seule alternative afin d'éviter au pays une crise majeure pouvant porter atteinte à son unité et à sa sécurité. Alors que Amara Benyounès a dit clairement être contre l'idée de transition dès lors que le respect des institutions demeure une ligne rouge, «au MPA nous ne voulons pas de crise politique», a expliqué Amara Benyounès.