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USTHB à la recherche de preuves matérielles
Pr Abdallah Dahmani. Responsable du master et doctorat "Criminalistique"
Publié dans El Watan le 27 - 07 - 2018

Malgré la diversité des formations proposées par l'université grâce au système LMD, le taux de chômage chez les universitaires est de 17,6% selon l'Office national des statistiques (ONS).
De nombreuses critiques et articles récents de la communauté universitaire (enseignants, cadres et même des responsables du secteur de l'enseignement), ainsi qu'une bonne partie de la société se sont plaints du système LMD et de son dysfonctionnement.
Ils soulignent le fossé, le décalage et l'inadéquation de l'enseignement supérieur avec les besoins du marché. Une conférence nationale sur l'évaluation du système LMD, élargie au secteur économique, a été organisée en janvier 2016 par le MESRS. Les participants à cette conférence ont soulevé les points suivants :
«Le problème est que l'université et l'entreprise ne se connaissent pas.»
«Maîtriser le chômage passe par l'adaptation de la formation (les programmes) à l'offre sur le marché du travail.»
Je voudrais exposer ici une expérience d'une offre de formation menée à l'USTHB depuis 2011, il s'agit d'un master en criminalistique.
La criminalistique ?
Beaucoup d'auteurs adhèrent à la définition de la criminalistique donnée par Hans Gross, un magistrat autrichien, en 1907: «C'est une discipline qui a pour but de déterminer comment les crimes sont commis, de quelle manière les étudier et les éclaircir, quels motifs ont joué, quels desseins étaient projetés ?»
Il prône une approche systématique et souligne l'importance de l'objectivité lorsque l'on cherche à reconstruire des événements. C'est lui qui crée le mot «criminalistique» et publie un manuel du juge d'instruction.
C'est l'Europe qui a vu la naissance de la criminalistique et le développement des premiers laboratoires. La recherche et l'interprétation des traces deviennent un nouveau métier.
Une nouvelle discipline académique a vu le jour en Suisse à l'université de Lausanne en 1906.
L'Americain Academy of Forensic Sciences définit les Forensic Sciences comme l'étude et la pratique de l'application de la science pour les desseins de la justice. Pour plusieurs auteurs, le terme de Forensic Sciences se confond avec celui de criminalistique.
La criminalistique est l'application des techniques qui font appel aux sciences fondamentales, comme la chimie, la biologie, la physique et les mathématiques, et aux sciences appliquées comme l'électronique, l'informatique, à l'instruction en matière de criminalité. Son objectif est la recherche et l'exploitation des indices matériels en vue d'identifier l'auteur du crime.
C'est là toute la richesse de la discipline criminalistique, mais aussi une source de difficultés pour sa mise en œuvre, car il est nécessaire d'avoir des connaissances étendues et de savoir les utiliser.
La criminalistique prend une place de plus en plus grande dans l'enquête judiciaire. Le témoignage et l'aveu devant le tribunal ne suffisent plus à établir la culpabilité d'un accusé. Depuis quelques années, la «preuve scientifique» est devenue un élément incontournable de l'enquête criminelle.
Les indices soigneusement relevés sur la scène du crime ou de l'infraction renseignent sur la nature du crime et du criminel. Ces indices sont ainsi analysés par des spécialistes de diverses disciplines et comparés à ceux découverts sur le suspect. Une évaluation permet de conclure avec plus au moins de certitude à la similitude des indices examinés ou à leur origine commune. Les résultats sont ensuite présentés devant le tribunal.
La société algérienne connaît des problèmes importants liés notamment à la criminalité qui a pris de l'ampleur depuis les années 1990 et émergent avec l'apparition de nouveaux enjeux de société, mais aussi à la dégradation du statut social et la déstructuration de la société avec la dévaluation des notions de travail et des valeurs universelles, le gain facile avec les grosses fortunes amassées à l'ombre du terrorisme et sur le dos de la société.
La criminalistique ne s'intéresse pas seulement aux homicides et aux crimes de sang. Elle intervient dans les domaines les plus divers : santé, agroalimentaire, contrefaçon, environnement, drogue, cybercriminalité, trafic d'armes, etc. (les exemples suivants ont été rapportés par la presse nationale).
La santé publique, où la criminalité pharmaceutique a connu un important développement de la fabrication, du commerce et de la distribution, ne connaît pas de frontières.
Le marché algérien des médicaments n'est pas à l'abri de la contrefaçon malgré un cadre réglementaire des plus rigoureux. Des médicaments sans principe actif, comme ce multivitaminé suisse, ou ces antibiotiques «belges», d'autres constitués de produits chimiques inconnus sont importés à coup de millions de dollars et vendus en Algérie.
«Déceler le vrai médicament et le faux est une mission très difficile pour les douaniers algériens», avouait un responsable des Douanes algériennes en mai 2017.
L'agroalimentaire ,où la menace de contamination des produits alimentaires par les bactéries, l'Ochratoxine, les pesticides, les produits chimiques, constitue un danger pour la santé et une atteinte à l'environnement.
Contrefaçon : De la brasure contrefaite utilisée dans les canalisations de gaz aux lentilles de contact en passant par l'or et les bijoux.
Drogue : Le développement du commerce international dû à la mondialisation a contribué à la multiplication des activités liées à la criminalité organisée, le trafic de drogue, le trafic d'armes, le passage de migrants, le blanchiment d'argent, etc. Le trafic de drogue est l'une des activités principales des groupes criminels organisés qui génèrent des profits considérables.
Les quantités de drogues, notamment dures, comme la cocaïne, l'héroïne, le crack et les NSP (nouvelles substances psychoactives) connaissent une hausse inquiétante d'après l'Office national de lutte contre les drogues (ONLD).
Face à cette situation qui s'est répercutée négativement sur la sécurité et l'ordre publics et qui constitue une véritable menace au développement de notre pays, qui manque d'acteurs capables de mener des expertises scientifiques pointues.
Les programmes de criminalistique ont proliféré dans les universités au cours de ces dernières années dans le monde.
En Australie, par exemple, il existe actuellement dix-sept universités offrant des programmes de criminalistique. Aux Etats-Unis, l'American Academy of Forensic Sciences (AAFS) a créé une Commission d'éducation aux programmes des sciences judiciaires. Trois revues majeures de l'éducation et de la formation médico-légales au Royaume-Uni.
Avec la mise en place du système LMD (Licence – Master – Doctorat), la réforme introduit une nouvelle dynamique dans la construction des formations supérieures, en collaboration avec l'Institut National de Criminalistique et de Criminologie (INCC) etde la Gendarmerie Nationale.
Une offre de formation a été proposée et a été habilitée par le MESRS en 2011. L'INCC est une structure dont la principale vocation est l'analyse des indices prélevés sur les scènes d'infraction.
Plateforme criminalistique pluridisciplinaire disposant d'un plateau technique unique dans le pays, il réalise des expertises et des examens scientifiques. Le programme pédagogique a été conçu suite à plusieurs réunions avec les experts de l'INCC qui ont bénéficié d'une excellente formation dans des pays européens (Suisse et Angleterre).
Une des caractéristiques de cette offre de formation qui la différencie des autres formations ouvertes à l'Université est l'importance accordée au volet expérimental dans la formation des futurs praticiens en criminalistique, en incluant des ateliers reliés à l'analyse de scènes de crime.
Les étudiants peuvent ainsi se familiariser avec la plupart des techniques modernes d'acquisition et de traitement des données et avoir un accès individuel à l'appareillage, du plus simple au plus sophistiqué au niveau de l'INCC/GN et du laboratoire de la
Police Scientifique et Technique (LPST/DGSN). Parmi les objectifs de cette offre de formation figurent :
– L'introduction de la criminalistique dans la nomenclature universitaire en tant que discipline et l'émergence de nouvelles compétences et forme de partenariat autour de la discipline sur le plan national.
– L'ouverture du champ de recherche et de développement des sciences appliquées dans le domaine de la criminalistique, adaptée à l'environnement de la criminalité en Algérie et préparer ainsi l'ouverture à moyen terme de l'école doctorale dans le domaine.
– La prise en charge des besoins des différents praticiens dans le domaine des sciences judiciaires, susciter des vocations et favoriser l'ouverture de nouvelles perspectives en matière de recherche scientifique et de débouchés professionnels.
L'admission au master se fait sur étude de dossier. Le master est accessible en M1 à tous les étudiants titulaires d'une licence chimie et biologie ou d'un titre équivalent.
Capacité d'accueil : 24 étudiants issus des universités nationales, GN, DGSN, MDN, Douanes).
La criminalistique ne cherche pas le coupable mais des preuves matérielles.
Cette fin d'année, l'USTHB a vu la sortie de la septième promotion d'étudiants titulaires du Master criminalistique.
L'insertion professionnelle – un des objectifs de la réforme LMD – des diplômés de l'université se fait de manière très difficile, avec des exigences de plus en plus nombreuses et «pointues» des entreprises du secteur privé, paraît-il. Des entreprises florissantes – après le démantèlement du secteur public – dont une majorité s'est spécialisée dans le montage de produits importés.
Dans le domaine de la criminalistique, en dehors des cadres du MDN, de la GN et de la DGSN qui rejoignent leurs institutions après avoir suivi cette formation, une cinquantaine d'étudiants civils n'a pu trouver un emploi.
Il n'y a pas d'emploi disponible pour ces jeunes experts. Les secteurs concernés par cette discipline : ministères du Commerce, de l'Agriculture, de la Justice, de l'Intérieur et les Douanes nationales n'ont pas de laboratoires de criminalistique.
Aujourd'hui, il me paraît légitime de se poser certaines questions.
Faut-il continuer à former ces jeunes dans cette discipline ? Faut-il continuer à traquer cette trace de cocaïne alors que 165 kg de cocaïne sont dédouanés en tant que poudre de lait ?
Faut-il continuer à chercher cet indice matériel alors que des semi-remorques de médicaments contrefaits, des psychotropes, des tonnes de cannabis traversent nos frontières. Faut-il continuer à faire une analyse moléculaire des encres d'impression dans le but d'aider les enquêteurs à déceler une possible falsification de documents alors que «près du tiers des importations sont surfacturées», dixit feu Bakhti Belaïb.
Pourtant, lors des séminaires, conférences, rencontres, organisés en série ces dernières années sur la culture sécuritaire, des responsables n'ont cessé de souligner «la nécessité de promouvoir le rôle des établissements scientifiques pour le développement de la culture sécuritaire et l'importance du partenariat scientifique entre l'université et les secteurs concernés pour une meilleure protection de la société des fléaux sociaux et de la criminalité».
Il est temps que les secteurs concernés se dotent de laboratoires en criminalistique afin de réduire le recours aux bureaux d'études étrangers et de promouvoir l'expertise nationale.
Doctorat en criminalistique
Les projets de recherche constituent la pièce maîtresse du développement de la politique stratégique de lutte contre la fraude et la criminalité.
Le meilleur moyen pour les laboratoires de criminalistique d'établir leur crédibilité et de s'assurer qu'ils sont associés au monde scientifique est de s'impliquer activement dans la recherche. En effet, ces laboratoires opérationnels sont submergés par le traitement des dossiers. L'université offre une solide capacité de recherche et les laboratoires de criminalistique peuvent améliorer leur profil de recherche.
Ils sont capables de fournir des idées pour des projets de recherche à partir de problèmes rencontrés et de leur propre expérience des domaines où des améliorations scientifiques sont nécessaires. Un avantage à double sens résulte de tels partenariats.
En Europe, par exemple, la criminalité a chuté au cours de ces dernières années selon les dernières statistiques (Interpol). L'Union européenne considère que les centaines de millions d'euros investis chaque année dans les projets de recherche dans le domaine de la criminalistique sont un investissement dans la qualité de la vie du citoyen.
Le projet DIRAC, lancé en 2010 par l'Union européenne avec un budget de plus de quatre millions d'euros associe les universités, des centres de recherche et des entreprises, consiste à développer un système de détection portatif pour le dépistage des drogues.
Le profil génétique a été reconnu comme un outil puissant dans la résolution d'affaires criminelles. L'ADN peut aider à prouver l'innocence d'un suspect. Le projet soutenu par l'Union européenne intitulé "Stadnap" s'attaque au profilage criminalistique de l'ADN.
L'identification des victimes de grandes catastrophes telles que les attentats terroristes, crash d'avion ou les tremblements de terre est rarement possible visuellement. Un projet FASTID, a démarré en 2010 avec un budget de près de 3 millions d'euros et prévoit de créer une base de données internationale.
La cybercriminalité est l'une des formes de criminalité qui connaît actuellement la croissance la plus forte. Le préjudice mondial annuel de la cybercriminalité est estimé à 500 milliards de dollars en 2015. La donnée, valeur ajoutée et moteur de la croissance de l'industrie numérique, est la cible des cybercriminels. En 2013, l'UE a lancé vingt-quatre projets pilotés pour la plupart par des institutions civiles avec un budget total de cent millions d'euros.
Les USA continuent à soutenir différents projets de recherche dans le domaine de la criminalistique. En 2014, le budget du Cyber-Command est passé de 191 à 447 millions de dollars. Cette unité a recruté 2000 personnes jusqu'en 2016.
Le Department of Homeland Security devrait se voir allouer 792 millions de dollars pour ses missions reliées à la cybersécurité en 2014.
L'équipe pédagogique chargée du suivi du master qui, malgré toutes les entraves administratives a travaillé dans un environnement hostile et dont une partie continue à enseigner bénévolement, a lancé une offre de formation de troisième cycle (Doctorat LMD) en Criminalistique pour l'année 2014/2015.
Ce Doctorat – prolongement du Master Criminalistique – associe l'USTHB, l'Ecole Militaire Polytechnique et la Gendarmerie nationale représentée par l'INCC/GN (la DGSN a été sollicitée mais malheureusement n'a pas répondu).
Cette offre de formation est pluridisciplinaire, elle regroupe plusieurs spécialités. Elle constitue une véritable passerelle entre l'Université, l'EMP et l'INCC/GN et créera une synergie et une meilleure communication avec d'autres secteurs engagés dans le traitement et la lutte contre la criminalité.
Elle permet de développer des projets de recherche en criminalistique qui peuvent résulter d'une collaboration avec des partenaires éventuels de l'industrie dans des domaines tels que l'accidentologie, l'analyse ADN, les drogues et la toxicologie, les traces d'empreintes, les fibres et le textile, les résidus de tir et de peinture. Une soixantaine de candidats ont passé le concours national pour huit postes. Les huit doctorants reçus appartiennent aux institutions sécuritaires. Leurs thèmes de recherche revêtent un double intérêt :
– Un intérêt pratique, car tous les sujets répondent à des demandes des différents laboratoires de l'INCC/GN et le LPST/DGSN.
– Un intérêt fondamental car ces sujets constituent une ouverture du champ de recherche et développement des sciences appliquées dans le domaine de la criminalistique, adaptée à l'environnement de la criminalité en Algérie.
La Loi n°15-21 encourage la recherche en entreprise, la possibilité de mise en place d'équipes mixtes entre les mondes de l'entreprise et celui universitaire, ainsi que des thèses qui répondent à un besoin de l'entreprise. Je citerai ici deux exemples : Ces dernières années, le pays est inondé de drogue. Afin de lutter contre ce trafic, un suivi de ces réseaux de distribution ou d'acheminement par une investigation scientifique est plus que jamais une nécessité.
Le profilage des stupéfiants est une technique qui consiste à déterminer et à exploiter des caractéristiques physico-chimiques d'échantillons de drogues, pour établir des liens entre plusieurs saisies et les rattacher à un même lot. Il est donc possible de retracer le cheminement d'une drogue. Combinées aux informations d'enquêtes, ces données peuvent apporter de précieux éléments sur un réseau de distribution.
Deux projets dans le profilage et dans la détection et l'identification des accélérants chimiques postincendiaires ont été soumis par deux équipes mixtes (LPST/DGSN-USTHB). Deux projets qui ont un impact socioéconomique et répondent aux conditions requises par le Fonds national de la recherche scientifique et du développement technologique (FNRSDT) attendent «la réaction chimique impossible qui sauvera la planète».
La criminalistique n'a rien d'un domaine figé. Elle se doit d'être à la hauteur des nouvelles technologies en constante évolution. En effet, la criminalistique a connu depuis ces dernières années des développements qui ont modifié structurellement ses missions. Elle est dépendante des découvertes scientifiques et des évolutions technologiques.
Ainsi, la biométrie a vu son champ s'élargir. L'entomologie médicolégale, l'analyse des diatomées, le modèle bayésien, théorie des probabilités, qui permet de raisonner face à l'incertitude, sont devenus courant en criminalistique. Les équipements de pointe, scanner laser 3D, drones, se sont imposés pour numériser les scènes de crime. Les huit doctorants ont besoin de séjours scientifiques dans des laboratoires à l'étranger.
La criminalistique n'est pas une discipline, mais un champ qui implique aussi bien les médecins, les biologistes, les psychiatres ou encore les mathématiciens. Avec les enseignants-chercheurs des sciences humaines participant au développement d'une recherche en criminologie, nous souhaiterions à l'avenir la création d'une structure qui permettra concrètement de se rencontrer et de partager nos travaux de recherche.
Avec des chercheurs en sciences sociales qui viennent d'être «chassés » du Cread, ces chercheurs qui, avec les défunts M. Boukhobza, D. Liabes et C. Chaulet et d'autres, ont fait le bonheur de la recherche scientifique en sciences sociales, nous construirons ensemble des projets communs.
Nous pourrons aller à la conquête de la citoyenneté, s'attaquer aux «problématiques réelles du pays et le développement des connaissances», s'engager dans l'économie agraire, mais avec des agriculteurs ainsi que la transition numérique.
Cette structure aura l'ambition de participer à la réflexion commune autour des problématiques de la sécurité et de la justice en nouant des relations fortes avec les institutions publiques au niveau national ou international. Elle prendra en charge les formations pluridisciplinaires.


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