Les chances d'aboutissement de l'initiative du président du MSP, Abderrezak Makri, s'amenuisent. Le «consensus national» recherché par le porteur de cette initiative s'éloigne au fil des jours et des rencontres infructueuses. Les oppositions à la démarche politique du MSP sont de plus en plus nombreuses et elles ne viennent pas uniquement des partis du pouvoir mais de la majeure partie de l'opposition. La mise au point musclée du chef de l'état-major de l'ANP, Ahmed Gaïd Salah, n'a fait qu'accélérer le processus de désintégration de cette initiative mort-née. Depuis le début du tour de table de la classe politique, Abderrezak Makri n'a reçu que des réserves, des critiques, voire même des accusations dans certains cas. Les plus acharnés dans leur critique sont les partis islamistes. Autrement dit, l'initiative de Makri ne fait pas l'unanimité même dans son propre camp politique. En effet, la première formation à ouvrir le feu de la critique contre cette démarche est celle de Abdallah Djaballah, le Front pour la justice et le développement (FJD), suivi de son allié Ennahda qui accuse Abderrezak Makri de servir son agenda personnel. «Nous refusons d'adhérer à des initiatives qui ont des objectifs particuliers et des agendas partisans et personnels», a déclaré le porte-parole de ce mouvement islamiste à la presse. De son côté, le mouvement El Binaâ, du dissident du MSP Ahmed Dane, a opposé une fin de non-recevoir à l'invitation du MSP à participer au processus de construction d'un consensus national. Ce parti, qui a en revanche accepté de dialoguer avec le FLN, axe sa critique sur l'appel de M. Makri à l'armée, estimant que personne n'a le droit d'appeler l'armée à intervenir dans le jeu politique. Outre l'opposition islamiste, l'initiative du chef du MSP s'est heurtée à un rejet des partis démocratiques, à l'instar du FFS et du RCD. Le FFS a réaffirmé que son projet de reconstruction du consensus national est «la seule alternative afin d'éviter au pays une crise majeure pouvant porter atteinte à son unité et à sa sécurité». Le RCD a demandé indirectement au MSP et à tous les autres partis d'«éviter de compliquer la situation par des initiatives sans issues». Le FNA de Moussa Touati descend en flammes l'initiative de Makri et appelle à la prolongation du mandat de Bouteflika de trois ans. Les partis au pouvoir, déjà sondés par le chef du MSP, jugent «inacceptable» de parler de transition démocratique, eux qui «espèrent» la continuité du président Bouteflika à la tête de l'Etat. Sans attendre les résultats des prochaines rencontres avec d'autres partis, on peut affirmer que l'initiative de Makri va connaître le même sort que celles qui l'ont précédée. Il n'est pas possible de forger un consensus dans l'état actuel des partis qui souffrent gravement de la dépolitisation de la société.