Dans un communiqué rendu public hier, le gouvernement a relevé que «le scrutin n'a pas pu avoir lieu dans 716 bureaux de vote, pour diverses raisons, soit 3,11%» des plus de 23 000 que compte le pays. Perturbation du scrutin par des attaques dans le centre et le nord du pays et une participation qui s'annonce modeste. Tels sont les faits qui ont marqué l'élection présidentielle de dimanche au Mali. Les premiers résultats sont attendus aujourd'hui ou demain, les résultats officiels provisoires d'ici vendredi. Une série d'incidents, essentiellement dans des zones rurales, se sont produits malgré la mobilisation de plus de 30 000 membres des forces de sécurité, nationales et étrangères, mais aucun mort n'a été signalé. Dans un communiqué rendu public hier, le gouvernement malien a relevé que «le scrutin n'a pas pu avoir lieu dans 716 bureaux de vote, pour diverses raisons, soit 3,11%» des plus de 23 000 que compte le pays, mais dans tous les autres, il «s'est globalement bien déroulé et dans des conditions satisfaisantes». Le ministère de la Sécurité a fourni, peu après la fin du vote, un bilan selon lequel «les incidents ont empêché le vote dans 105 bureaux» dont «61 bureaux n'ont pu ouvrir dans les régions de Mopti (centre) et de Tombouctou» (nord-ouest), en raison de l'insécurité. Mais dans la nuit, le ministère de l'Administration territoriale, en charge des élections, a publié des statistiques portant sur 4632 «bureaux où le vote a été perturbé par des attaques à main armée et autres violences». Sur ce total, le vote n'a pu se tenir dans 644 bureaux, dont plus de 500 dans la région de Mopti, selon le document. «Les listes publiées ne mentionnent pas l'identification précise des bureaux de vote comme nous l'avions demandé, ce qui rend plus difficile le travail d'observation et de recoupement des informations», a indiqué de son côté la cheffe de la mission d'observation électorale de l'Union européenne (UE), Cécile Kyenge, estimant qu'il s'agit d'une «base de travail intéressante mais qui mérite d'être complétée de manière précise et rigoureuse». Le vote empêché dans 716 bureaux De son côté, le directoire de campagne du chef de l'opposition a exprimé, dans un communiqué, sa «satisfaction légitime» après le vote, tout en estimant «que l'Etat ait failli à sa mission de sécurisation du scrutin». Aussi, il appelle les citoyens «à la plus grande vigilance concernant les risques de fraude et de manipulation des résultats». Selon la presse malienne, les résultats provisoires du scrutin dans presque tous les bureaux de vote en Europe donnent le candidat de l'URD largement en tête. D'après la même source, Soumaïla Cissé vient en tête dans presque toutes les circonscriptions électorales maliennes d'Europe. Le président sortant, Ibrahim Boubacar Kéita (IBK), s'est également distingué par de bons scores dans de nombreuses circonscriptions. Par ailleurs, des tirs de roquettes ont visé le camp de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation au Mali (Minusma) à Aguelhok (nord-est), sans atteindre leur cible ni faire de victime, selon une source de sécurité onusienne. Tirs revendiqués par la principale alliance terroriste du Sahel, liée à Al Qaîda. «Tout le monde sait maintenant que quiconque remportera cette élection ne sera qu'une marionnette entre les mains de la France et des pays croisés», a affirmé dans un communiqué le Groupe de soutien à l'islam et aux musulmans du Touareg malien Iyad Ag Ghaly. Ce dernier a déclaré vendredi que «ces élections ne sont rien d'autre que la poursuite d'un mirage et nos peuples n'en récolteront que des illusions, comme ils en ont pris l'habitude». Le taux de participation n'est pas connu jusque-là, mais s'annonce faible, selon les premières constatations d'observateurs électoraux. «Si l'on tient compte du taux des 10 dernières années, le taux de participation n'est pas du tout catastrophique», a déclaré une source du ministère de l'Administration territoriale. Ceci dit, il est de tradition «bas» au premier tour de l'élection présidentielle dans ce pays d'Afrique de l'Ouest. Présente militairement avec la force française Barkhane, qui a pris le relais de l'opération Serval déclenchée en 2013 contre les terroristes, et avec les Casques bleus onusiens, la communauté internationale attend du vainqueur une relance de l'accord de paix signé en 2015 par le gouvernement et l'ex-rébellion à dominante touareg, dont l'application accuse des retards sur le terrain. Ainsi, les violences terroristes se sont même propagées du nord vers le centre et le sud du Mali, puis au Burkina Faso et au Niger voisins. A ces violences s'ajoutent les affrontements intercommunautaires. Une attaque imputée à des chasseurs dogons dans le centre du pays, mercredi, a coûté la vie à 17 Peuls, selon des associations communautaires et les autorités locales.