Les dirigeants des deux pays ont échangé récemment des propos belliqueux. Un conseiller du président iranien Hassan Rohani a déclaré, hier, que tout pourparler avec les Etats-Unis devait commencer par une réduction des hostilités et un retour à l'accord sur le nucléaire. «Le respect de la grande nation iranienne, la réduction des hostilités, le retour des Etats-Unis dans l'accord nucléaire… cela ouvrira le chemin chaotique du moment», a écrit Hamid Aboutalebi sur Twitter, relayé par la presse. Il répondait à une déclaration du président américain, Donald Trump, lundi, selon laquelle il était prêt à rencontrer les dirigeants iraniens. Il a rappelé que son pays a montré son ouverture au dialogue par le passé, en particulier avec l'appel téléphonique entre Rohani et le prédécesseur de Trump, Barack Obama, en 2013. Ce dialogue était «basé sur l'idée de mesures de confiance et l'accord sur le nucléaire était une réalisation de cet effort et cela doit être accepté», a indiqué Hamid Aboutalebi. Toutefois, le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Bahram Ghasemi, a affirmé lundi, avant la déclaration de Trump, que les pourparlers avec Washington étaient impossibles. «Etant donné les mesures hostiles des Etats-Unis envers l'Iran après son retrait du JCPOA (le sigle officiel de l'accord, ndlr) et le rétablissement des sanctions économiques, il n'y a aucune possibilité de pourparler et Washington révèle sa nature indigne de confiance jour après jour», a déclaré M. Ghasemi. Le chaud et le froid Le président américain a annoncé qu'il était prêt à voir les dirigeants iraniens «quand ils veulent», malgré sa fermeté affichée contre l'Iran. «Je ne sais pas s'ils y sont prêts», a déclaré Donald Trump. Et d'ajouter : «J'imagine qu'ils voudront me rencontrer, je suis prêt à les rencontrer quand ils veulent.» Selon lui, c'est «bon pour eux, bon pour nous, bon pour le monde entier», surtout «si nous pouvons trouver une solution sérieuse, pas un gâchis de papier comme l'autre accord». Allusion à l'accord sur le nucléaire iranien conclu à Vienne le 14 juillet 2015 entre l'Iran et le groupe 5+1 (Chine, Etats-Unis, France, Grande-Bretagne, Russie et Allemagne). Il a en revanche indiqué ne pas poser de conditions à une rencontre. Mais son secrétaire d'Etat, Mike Pompeo, a précisé un peu plus tard sur la chaîne CNBC qu'une réunion au sommet pourrait avoir lieu «si les Iraniens démontrent qu'ils sont prêts à des changements fondamentaux dans leur manière de traiter leur peuple, modifient leur comportement malveillant» au Moyen-Orient et se montrent ouverts à un accord sur le nucléaire «qui empêche vraiment la prolifération». Le porte-parole du Conseil de sécurité nationale a ensuite affirmé que «les Etats-Unis sont prêts à prendre des actions pour supprimer les sanctions, rétablir des relations diplomatiques et commerciales totales, permettre à l'Iran d'avoir une technologie avancée et soutenir la réintégration de l'économie iranienne dans le système économique international». «Cependant, cet assouplissement n'est possible que s'il y a des évolutions tangibles, prouvées et durables dans les politiques de Téhéran», a soutenu Garrett Marquis. «Jusque-là, le fardeau des sanctions ne sera que de plus en plus lourd si le régime ne change pas de voie», a-t-il ajouté. L'ouverture américaine intervient après un échange récent de propos belliqueux entre les deux pays. Le président Rohani a prévenu qu'un conflit avec l'Iran serait «la mère de toutes les guerres». «Ne menacez plus jamais les Etats-Unis ou vous allez subir des conséquences telles que peu au cours de l'histoire en ont connues auparavant», a répondu Donald Trump dans un tweet. «Soyez prudent», a ensuite rétorqué le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif. Le président américain avait annoncé en mai le retrait des Etats-Unis de l'accord international censé empêcher l'Iran de se doter de la bombe atomique, qu'il juge trop laxiste. Il a rétabli toutes les sanctions levées après sa signature avec des conséquences fâcheuses pour de nombreuses entreprises européennes, sommées de quitter l'Iran sous peine d'être frappées par des mesures punitives américaines. Signataires avec Washington de l'accord, les alliés européens, la Russie et la Chine tentent de le sauver.