INTRODUCTION Le fait pour l'auteur de ces quelques lignes d'exercer dans une administration publique, où il faisait dans le cadre de son travail des missions à l'intérieur du pays, a été pour lui l'occasion de visiter et de connaître la quasi-totalité des villes algériennes et, partant, d'apprécier leur salubrité. Le constat amer auquel il est parvenu aujourd'hui, c'est que la ville où il habite depuis 2007, Béjaïa, chef-lieu de wilaya, est malheureusement la ville la plus insalubre de la wilaya. Il est même possible d'affirmer que certains villages de la wilaya, à l'exemple d'Immoula ( ), sont plus salubres que leur chef-lieu, ce qui est étonnant, au motif que c'est normalement au chef de donner le bon exemple. Quelles sont les causes de cette insalubrité et comment y remédier ? C'est ce que nous tenterons de voir dans les développements suivants. I. DES CAUSES DE L'INSALUBRITE DE LA VILLE DE BEJAïA L'insalubrité de la ville, que les historiens, les poètes, les peintres et les chanteurs ont décrite, peinte et chantée, Béjaïa, perle du Maghreb, a pour causes une partie de ses habitants et les responsables locaux. A) Une partie des habitants de la ville de Béjaïa comme première cause de l'insalubrité de cette ville L'insalubrité de la ville de Béjaïa est imputable en partie à l'incivisme de certains de ses habitants, dont les comportements quotidiens, aussi bien chez eux que dans la rue, prouvent que les intéressés n'ont pas l'habitude de vivre en ville. Pour étayer cette affirmation, prenons à titre d'exemple deux comportements véridiques et vérifiables qui se sont produits dans cette ville. Un locataire habitant dans un appartement situé au dernier étage d'un immeuble collectif a supprimé, sans demander l'autorisation au loueur et sans la remplacer, la baignoire, ils prenaient, lui et les membres de sa famille, leur douche en déversant directement l'eau sur le carrelage de la salle de bains, ce qui a entraîné l'inondation quasi totale de l'appartement du dessous ! Plusieurs propriétaires de villas coûtant des milliards élèvent dans leurs habitations de luxe, au vu et au su de tout le monde, y compris des autorités, des bovins, des ovins et des caprins, ce qui porte atteinte à l'environnement et à la santé des citoyens ! Par ailleurs, que signifie cette autre image lugubre faite de centaines de bouteilles de vin et de canettes de bière vides que l'on trouve chaque matin dans presque tous les coins de la ville ? Béjaïa est-elle la ville où la consommation de boissons alcoolisées est la plus importante ? Dans l'affirmative, est-il normal d'enlaidir ainsi sa ville et de donner à ses visiteurs une double occasion, celle de dire que ses habitants sont sales et mal éduqués, et celle de ne plus y revenir ? Ne serait-il pas plus commode pour les consommateurs de ces boissons de placer les contenants dans des sachets et de jeter l'ensemble dans des dépotoirs ? Enfin, il ne serait pas sans intérêt de terminer cette première partie de cette modeste contribution en disant quelques mots à propos de deux autres fléaux portant atteinte à l'image de la ville de Béjaïa : le tabac à chiquer (chemma) et les jonchées de sachets d'ordures de toutes sortes ! Tout le monde sait qu'il y a beaucoup de gens qui chiquent dans la wilaya de Béjaïa. Pour ce faire, le chiqueur plonge l'index et le pouce dans la bourse ou boîte, sort une pincée de chemma qu'il place dans du papier ad hoc (el massa) et forme avec l'ensemble une boulette qu'il loge immédiatement dans sa bouche. Après un certain temps d'utilisation, le chiqueur retire de sa bouche la boulette et la jette violemment et sans discernement par terre, ce qui provoque sa désagrégation. C'est pourquoi, dans les rues et ruelles de la ville Béjaïa, sous les balcons, sur les toits des véhicules et partout, il y a plein de boulettes de chemma ! Il faut dire qu'il y a pas mal de personnes qui ont affirmé avoir trouvé des boulettes de chemma dans du pain, ce qui devrait pousser les autorités concernées, ainsi que les boulangers, les pâtissiers, les restaurateurs et les cafetiers employant des travailleurs qui chiquent à prendre les mesures appropriées à l'effet d'éradiquer ce fléau ! Quant aux jonchées de sachets d'ordures de toutes sortes que l'on trouve un peu partout dans la ville, outre qu'elles constituent la cause principale de l'obstruction des avaloirs et canalisations des eaux fluviales, elles ne font qu'ajouter à l'avilissement et à la laideur de la malheureuse ville de Béjaïa ! B) Les responsables locaux comme deuxième cause de l'insalubrité de la ville Béjaïa L'insalubrité de la ville de Béjaïa tire également son origine de l'absence de coordination entre les différents services techniques opérant au niveau de cette ville, en l'occurrence ceux de l'APC, de l'urbanisme et de la construction, des équipements publics, de l'environnement, de l'Office national de l'assainissement, de l'ADE et de l'OPGI. L'absence de coordination entre ces différents services est à l'origine de tous les problèmes dont souffre la ville. Les principaux problèmes affectant la ville de Béjaiïa résident, entre autres, dans la gestion calamiteuse des déchets ménagers et des déchets solides, l'absence totale d'entretien dans certains quartiers et cités, l'éclairage public défectueux, les trottoirs et les chaussées défoncés, les avaloirs et canalisations obstrués, les marchés hebdomadaires désorganisés, etc. Dans certains quartiers populaires, comme ceux de Sidi Ahmed, Dar Nacer et Thaâssasthe, il n'existe aucun agent d'entretien durant toute l'année, ce qui n'est pas le cas des quartiers chics de la ville, en particulier ceux attenants à l'APC et à la wilaya, où il existe en permanence des agents d'entretien ! La question qui se pose est de savoir pourquoi une telle discrimination entre les quartiers d'une même ville ? II. DE QUELQUES SUGGESTIONS TENDANT A LA PRISE EN CHARGE DES PROBLÈMES DE LA VILLE DE BEJAIA Dans ce cadre, nous proposons au wali de la wilaya de Béjaïa et au président de l'APC de Béjaïa : de réunir les responsables des services techniques opérant au niveau du chef-lieu de wilaya en vue d'élaborer une stratégie visant la prise en charge de tous les problèmes affectant sur tous les plans le chef-lieu de wilaya ; de faire élaborer un modèle de fascicule de gestion où seront annotées au fur et à mesure de leur réalisation toutes les actions qui seront entreprises par les services concernés dans le cadre de la stratégie arrêtée ; de faire mettre en place des équipes permanentes de nettoiement dans tous les quartiers et cités de la ville de Béjaïa ; de faire procéder à l'arrachage des arbres qui ne sont pas faits pour la ville, notamment les platanes, les eucalyptus, les oliviers, les figuiers, les caroubiers, etc., au motif que les racines de ces arbres sont très dangereuses pour l'ensemble des canalisations (eau, gaz et électricité) et même pour les constructions fragiles ; de faire remplacer ces arbres par des ficus ; de faire supprimer les abris pour voyageurs (arrêts de bus) construits à l'aide de matériaux fragiles (verre, tuyaux, tôles, etc.) et de les faire remplacer comme dans certains quartiers de la capitale par des abribus construits en béton armé esthétique ; de faire mettre à la disposition de chaque immeuble collectif une poubelle marquée au nom de l'immeuble affectataire ; d'interdire par voie d'arrêté wilayal aux titulaires d'activités classées (ateliers de menuiserie, ateliers de mécanique, ateliers de ferronnerie, etc.) de jeter leurs déchets solides dans les dépotoirs ; de prévoir une journée pour la récupération de ces déchets moyennant une contribution financière mensuelle pour service rendu ; de prévoir aussi une autre journée pour la récupération des emballages que produisent certains commerçants moyennant également une contribution financière mensuelle pour service rendu ; d'inviter de temps en temps les citoyens à se débarrasser des objets dont ils n'ont plus besoin (matelas, appareils électroménagers, meubles, etc.) et à les déposer sur le trottoir aux fins de leur évacuation par les services de l'APC ; d'interdire formellement aux éboueurs de mettre le feu aux cartons comme ils le font actuellement, au motif que ces cartons sont encombrants pour les bennes de leurs camions ; d'encourager les jeunes à créer des entreprises de transformation de certains emballages (verre, métal, plastique, papier, etc.) ; d'interdire par voie d'arrêté wilayal l'élevage de toutes sortes d'animaux au chef-lieu de wilaya. CONCLUSION A travers cette modeste contribution, c'est un véritable SOS que nous lançons aux autorités concernées, en particulier le nouveau wali de Béjaïa, à l'effet de le sensibiliser sur la nécessité de sensibiliser à son tour, voire d'obliger et de mobiliser les responsables locaux au sujet d'un objectif auquel tient mordicus la population des 52 APC et 19 daïras de la wilaya, celui de mettre ladite wilaya au diapason des autres divisions administratives, en tentant de rattraper le grand retard gangrenant depuis des années son développement dans tous les domaines. Comme le dit un vieil adage algérien «une main n'applaudit pas toute seule», il appartient par conséquent aux habitants des 52 APC de la wilaya de Béjaïa, soit plus de 900 000 âmes, de prêter main-forte à leurs responsables locaux pour qu'ensemble ils puissent sortir du sous-développement, lequel est à la fois la cause et le terreau de tous les maux sociaux !