Global Footprint Network (GFN) est une organisation non gouvernementale. Elle fournit régulièrement, depuis 2003, les résultats de ses évaluations de l'empreinte écologique (pression exercée sur les ressources naturelles) dans le but d'influer sur les décisions politiques globales des gouvernements afin de préserver les équilibres naturels de la planète. Pour l'année 2014, elle a estimé que nous avons consommé en 233 jours (1er janvier au 19 août) toutes les ressources naturelles que peut produire la Terre en un an. à partir de cette date et jusqu'au 31 décembre, "les humains vont donc vivre ‘'à crédit'', en puisant dans les stocks disponibles". Le jour "du dépassement planétaire" tombe de plus en plus tôt Ce calcul effectué conjointement par GFN et New Economics Foundation permet d'évaluer les impacts des activités humaines sur les ressources naturelles et les écosystèmes. Il renseigne sur l'écart entre ce que la nature peut produire et la consommation en termes d'alimentation et de matières premières mais aussi d'absorption des déchets et du CO2. Il est révélateur de mentionner qu'au début des années 60, la consommation des ressources produites sur la Terre était dans un rapport de trois quarts des capacités de la planète. La plupart des pays, y compris ceux industrialisés, avaient une capacité biologique largement supérieure à leur empreinte écologique. C'est sous le poids de la démographie et d'une croissance économique débridée que la courbe a commencé à s'inverser dans les années 1970. "Dans les années 1980, le "jour du dépassement planétaire" avait lieu en novembre, puis en octobre dans les années 1990 et en septembre dans les années 2000. En 2012, ce jour qui tombe donc de plus en plus tôt chaque année avait eu lieu le 23 août." Il faut déjà une planète et demie à ce rythme, en 2050, l'ONG estime que la consommation d'énergie sera 200% fois plus que la biocapacité de la Terre (capacité de la planète – ou d'une zone biologique – à générer une offre continue en ressource et d'absorber les déchets découlant de leur consommation, y compris les émissions de CO2). Ignorer les contraintes écologiques d'une zone ou de la planète entière, c'est prendre le risque d'hypothéquer ses performances économiques à long terme. Selon le Fonds mondial pour la protection de la nature (WWF), il faudrait ainsi aujourd'hui 1,5 planète pour assurer de façon durable les besoins des habitants de la Terre pendant un an. Plus encore, si chaque habitant de la planète vivait comme un résident moyen des Etats-Unis, ce sont mêmes 4 Terres qui seraient aujourd'hui nécessaires ! Parmi les pays classés au rouge, soit ceux qui consomment le plus, GFN cite au premier rang les émirats arabes unis avec 12,3 fois trop, le Japon (7 fois trop), l'Italie (4,4), la Suisse (4,3), l'Allemagne (2,5) et la France (1,6). Alessandro Galli, directeur régional de Global Footprint Network pour l'Afrique du Nord et le Moyen-Orient, estime que la "dette écologique grandissante qui, à l'image de la dette financière des pays, est difficilement tenable plus longtemps". Pour lui, "les déficits écologiques et financiers sont les deux faces d'une même pièce, et que sur le long terme, les pays ne peuvent venir à bout de l'un sans s'intéresser à l'autre". Un déséquilibre flagrant Ce sont les progrès scientifiques et technologiques qui ont boosté la productivité biologique, mais le modèle de consommation dominant et la démographie décuplent la demande de ressources. L'utilisation de l'énergie étant au cœur du développement et la domination écrasante du fossile (gaz, charbon, pétrole) dans le mix énergétique mondial débouche sur un résultat sans appel. Les émissions de carbone représentent plus de la moitié de l'empreinte écologique totale de l'humanité. "Depuis 1970, notre empreinte carbone totale a plus que triplé", si rien n'est encore perdu "il faut agir dès maintenant", souligne GFN. En plus de piloter des études sur des régions du monde comme "Africa : Ecological Footprint and Human Well-Being" pour fournir des matériaux à des décideurs qui ont pris conscience que le développement peut et doit s'inscrire dans la durabilité, l'ONG collabore aussi avec certains pays au plan gouvernemental. Les Philippines ont décidé d'adopter l'empreinte écologique (législation en cours d'élaboration) comme indicateur d'une meilleure gestion des ressources naturelles. Le Maroc collabore aussi sur une révision de son plan de développement durable de l'agriculture à un horizon de 15 années, le Plan Maroc Vert. Enfin, pour les lecteurs qui s'intéresseraient à l'empreinte écologique de l'Algérie, GFN établit un graphique comparatif entre l'évolution de la biocapacité et la consommation depuis 1961 à 2011(footprintnetwork.org / en/index.php/GFN/page/trends/algeria/). D'après Footprint Network, l'évolution "écologique" de l'Algérie est négative. Les causes ne sont pas uniquement dans le modèle de consommation mais aussi et surtout la désertification, les déséquilibres régionaux dans le développement, la surexploitation des ressources minières non renouvelables, les pratiques agricoles... R. S.