Amnesty International lance une action d'urgence pour la libération immédiate et sans condition du blogueur Merzoug Touati, éprouvé par près d'un mois de grève de la faim. Dans un nouvel appel, cette ONG internationale s'adresse au président Abdelaziz Bouteflika, au ministre de la Justice, Tayeb Louh, et à la présidente du Conseil national des droits de l'homme, Fafa Benzerrouki, leur demandant d'agir pour la libération de ce blogueur en grève de la faim «après une condamnation injuste». Amnesty International assure qu'il y a des soucis à se faire pour «son bien-être physique et mental». Cette ONG internationale lance sa pétition pour la libération de ce «détenu d'opinion». Une pétition qui a recueilli jusqu'à hier quelque 240 signatures. Merzoug Touati a été condamné, faut-il le rappeler, à 10 ans de prison ferme et 50 000 DA d'amende en première instance le 24 mai dernier. Rejugé en appel le 21 juin, il a écopé de 7 ans de prison ferme et 50 000 DA d'amende. Il a été condamné pour «incitation à un attroupement non armé», «intelligence avec une puissance étrangère dans le but de nuire aux relations diplomatiques» et «incitation à des rassemblements et des sit-in dans des lieux publics». Le chef d'inculpation d'«incitation à prendre les armes contre l'autorité de l'Etat», qui aurait pu lui valoir une condamnation à mort, a été abandonné. Considérant avoir été injustement condamné, il fait un pourvoi en cassation. Il observe une grève de la faim depuis le 8 juillet. «Merzoug Touati est en isolement depuis qu'il a entamé sa grève de la faim le 8 juillet», dénonce cette ONG internationale qui estime que la place de ce blogueur n'est pas en prison. «Selon les règles minimales de l'ONU en matière de traitement des détenus, cela équivaut à un isolement cellulaire prolongé et constitue à ce titre une forme de torture ou d'autres mauvais traitements», souligne Amnesty qui cite également les avocats du condamné, selon lesquels, «il est physiquement faible et son isolement a gravement nui à son état psychologique». Dans un précédent appel, Amnesty International avait fait état de sa longue détention provisoire de 16 mois avant son jugement et sa condamnation. «La détention de Merzoug Touati a été prolongée à deux reprises pour une durée de quatre mois, la deuxième prolongation ayant expiré le 22 janvier 2018. Il a été maintenu en détention, alors même que le juge d'instruction n'avait pas ordonné de renouvellement. Merzoug Touati a observé au moins sept grèves de la faim pour protester contre le prolongement de sa détention. Selon son avocat, les gardiens de la prison l'ont empêché de dormir durant ses grèves de la faim en entrant dans sa cellule plusieurs fois par nuit. Il a récemment été transféré dans une nouvelle cellule, surpeuplée, où il a dû dormir par terre car il n'a ni lit ni matelas, contrairement à ses codétenus», avait dénoncé Amnesty qui est revenu sur le profil du condamné. «Diplômé de l'université, Merzoug Touati était au chômage au moment de son interpellation. Il n'était affilié à aucun parti politique ni à aucune association. En 2015, il a commencé à gérer une page Facebook et le blog Alhogra.com, supprimé depuis. Ses sujets de prédilection étaient la situation politique et les droits humains en Algérie. Cet homme est un prisonnier d'opinion, détenu uniquement pour avoir exprimé ses opinions de façon pacifique», avait affirmé cette ONG internationale qui s'inquiète ainsi de l'état de santé physique et mental de Merzoug Touati.