Le comité pour la libération de Merzoug Touati et la Ligue algérienne de défense des droits de l'homme (LADDH) appellent à un rassemblement pacifique, le 20 août prochain, au musée du Congrès de la Soummam, sis à Ifri Ouzellaguène, à une cinquantaine de kilomètres au sud de la wilaya de Béjaïa. Cette action a été décidée lors de la récente réunion des militants des droits de l'homme et du mouvement associatif, qui s'est tenue au siège du Centre de documentation en droits de l'homme (CDDH), lequel, a indiqué, par le biais de son responsable, Hocine Boumedjane, qu'une réunion de la société civile se tiendra demain à 11h au même siège pour discuter des préparatifs de l'action arrêtée. Incarcéré depuis janvier 2017, le détenu en est à sa cinquième grève de la faim qu'il a débutée le 8 juillet dernier. Poursuivi pour les lourdes accusations d'«entretien avec les agents d'une puissance étrangère» et «intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l'Algérie ou à ses intérêts économiques» et «incitation à un attroupement non armé», il écope d'une peine de 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA lors du premier jugement. Rejuger en appel le 21 juin dernier à la cour de Béjaïa, le mis en cause a été condamné à 7 ans de prison ferme et 50 000 DA d'amende. Pour Saïd Salhi, vice-président de la LADDH, «le choix du 20 août, c'est déjà le rappel de l'engagement de nos aïeux libérateurs du pays pour une Algérie démocratique et sociale, une Algérie des libertés, alors qu'aujourd'hui nous assistons à un courant liberticide qui veut tordre le cou à cet engagement. C'est avant tout un rappel du message du Congrès de la Soummam». A travers l'appel à la libération du détenu d'opinion, le blogueur Merzoug Touati, la LADDH entend aussi que ceci «est un appel à la libération de la parole et de l'opinion dans notre pays qui doit passer par la libération des détenus d'opinion». A ce sujet, le représentant de la LADDH «exhorte Touati à cesser ou au moins geler cette grève pour préserver sa vie et sa santé». «Car, dit-il, ne nous voulons plus d'autres drames après ce qui s'est passé avec Tamalt.» Mais le cas de Touati Merzoug inquiète la LADDH vue l'état de santé du prisonnier qui ne cesse de se dégrader. «L'appel de la LADDH avec le comité pour la libération de Merzouk Touati, à un rassemblement pacifique à Ifri, se fait dans un climat particulier, avec la grève de la faim illimitée de Touati qui arrive déjà à 37 jours au péril de sa vie.» A cet effet, la LADDH avertit le gouvernement et l'interpelle quant «à toute évolution fâcheuse à même de mettre en péril la région et le pays». La procédure de l'examen de l'appel en cassation introduite par les avocats du détenu à la Cour suprême risque de s'éterniser. A l'occasion, «nous appelons le pouvoir judiciaire à accélérer son examen pour permettre à Touati Merzoug l'accès à ses droits de recours et surtout à sa libération et sans délai». Sadek Kati, président d'Amnesty International Algérie, a insisté sur l'état de santé du prévenu, en signalant que «l'état de santé de Merzoug Touati qui se trouve actuellement à la prison de Oued Ghir est très inquiétant et alarmant après avoir observé une grève de la faim depuis 37 jours pour protester contre sa détention. Son moral et son physique ne cessent de se dégrader. C'est tellement effrayant et terrifiant, et c'est cela exactement qui nous interpelle toutes et tous en tant qu'organisme et individus pour une large mobilisation en sa faveur». A ce propos, Sadek Kati affirme que l'organisation internationale qu'il représente en Algérie «prendra part au rassemblent pacifique auquel ont appelé la LADDH et le comité pour la libération de Merzoug Touati pour ce 20 août, à Ifri Ouzellaguène, le lieu où s'est déroulé le Congrès de la Soummam en 1956, une date historique». Yanis Adjlia, militant associatif et membre actif du comité pour la libération de Merzoug Touati, affirme que «le comité ne lâchera pas cette affaire jusqu'à la libération sans conditions de Merzoug Touati et des autres détenus d'opinion qui sont incarcérés à travers le pays». Yanis, pour avoir rendu visite à la famille du prisonnier à plusieurs reprises, témoigne que «malgré la prise en charge matérielle dont bénéficie la maman de Merzoug et qui est assurée par des bienfaiteurs, cela ne remplacera pas un fils qui au lieu de passer la fêter de l'Aïd avec son petit frère et sa mère, il croupit dans une prison pour une opinion». Ce dernier annonce «qu'après ce rassemblement, une marche populaire dans la ville de Béjaïa, en septembre, sera organisée pour les mêmes revendications». Le moral en berne, Merzoug Touati est poussé à mettre sa vie en danger pour réclamer justice. Le mois de mai dernier, Merzouk Touati a sollicité, à travers un message qui a été relayé par son avocat, Me Hamaïli, «la société civile et les partis politiques pour un soutien contre l'arbitraire» et continue à ce jour de pousser ce cri depuis sa cellule de la prison de Oued Ghir.