Dans la wilaya de Boumerdès, le bilan de la gestion de certaines APC laisse perplexe et prédit des lendemains incertains aux populations locales. Plus de huit mois après leur élection, les élus des Assemblées populaires communales semblent éprouver d'énormes difficultés à répondre aux doléances de leurs administrés et à tenir leurs promesses préélectorales. Privés de moyens et de prérogatives, la plupart ont les mains liées devant l'ampleur des problèmes et les carences que connaissent leurs communes. Dans la wilaya de Boumerdès, le bilan de la gestion de certaines APC laisse perplexe et prédit des lendemains incertains aux populations locales. Ainsi, selon un rapport établi par l'administration de wilaya, sur 239 projets inscrits cette année dans le cadre du Plan communal de développement (PCD), seules 30 opérations ont été clôturées, soit 7,9% du programme. Pourtant, les projets retenus ne relèvent pas du luxe, mais de besoins basiques, tels que l'assainissement, les routes, l'aménagement urbain et l'AEP. L'Etat a réservé cette année un montant de 2 milliards de dinars pour ce chapitre. Cependant, les paiements effectués jusqu'à fin juin dernier s'élèvent à 149,11 millions de dinars, soit 4,81% du montant mobilisé. Selon les rédacteurs du rapport, ce niveau de consommation reste insuffisant et au rythme où vont les choses, la majorité des communes de la région risquent de ne pas bénéficier d'autres programmes l'année prochaine, comme l'a rappelé à maintes reprises le wali. Mais «la défaillance des Assemblées élues et leur incapacité à concrétiser les projets de développement dans les délais» n'est pas un fait nouveau. Des dizaines d'opérations datant de 2012 voire de 2008 tardent à être réalisées. «30% de notre temps dans la paperasse» Accusés tantôt d'inertie tantôt de mauvaise gestion, certains élus dénoncent le diktat des Contrôleurs financiers (CF), la limitation de leurs prérogatives par rapport à celles, excessives, accordées au wali et à son représentant, le chef de daïra, sans l'aval duquel aucune délibération ne pourra être approuvée. Le vice-président de l'APC de Beni Amrane s'est plaint de la complexité des démarches administratives, nécessaires pour le lancement d'un quelconque projet. «On passe 30% de notre temps dans la paperasse. Avant de nous condamner, il faudrait nous donner le pouvoir de décider. Pourquoi ne pas confier les PCD exclusivement aux APC ? On fait intervenir les contrôleurs financiers, les daïras et autres services et quand ça bloque, on dit que ce sont les élus. Le CF rejette les dossiers qu'on lui transmet pour des erreurs banales. Il lit la première ligne et dès qu'il trouve une faute, il nous renvoie le dossier. On corrige, mais quand il lit la nouvelle copie, il relève d'autres erreurs qu'il aurait dû mentionner auparavant», précise-t-il. Cette situation s'explique aussi par le manque de formation et d'expérience des employés des services techniques et des bureaux des marchés, la plupart ayant suivi des études en langue arabe alors qu'ils travaillent avec le C1, une charte qui régit tout ce qui a trait aux finances et la comptabilité des communes. Le président de l'APC de Chabet El Ameur, qui compte 15 projets non lancés, dont certains remontent à 2008, a lui souhaité une meilleure implication des subdivisionnaires de la daïra pour rattraper le retard. Une demande qui traduit le manque de cadres au niveau de sa commune, notamment après le vague de départs en retraite enregistrée fin 2017. Le président de l'APC de Boumerdès semble ignorer la nomenclature des projets en cours dans sa commune. Cette localité, qui dispose d'un excédent de plus de 70 milliards de centimes, est totalement déstructurée, avec plusieurs postes-clés qui restent vacants, tandis que celui de secrétaire général est occupé depuis 12 ans par un technicien du bâtiment. N'ayant pas le droit de recruter, la plupart des communes du pays sont plongées dans des problèmes insurmontables. Et ce n'est pas le nouveau code communal, annoncé en grande pompe par Noureddine Bedoui, qui va changer la réalité amère et améliorer le fonctionnement des collectivités locales.