Le contrôle des services du CTC se limite aux édifices publics, alors qu'il devrait toucher même les constructions privées et les promotions immobilières. La terre a tremblé la semaine passée à deux reprises dans la wilaya de Boumerdès. La première fois à Cap Djinet, avec une magnitude de 3,8 degrés sur l'échelle de Richter, et une seconde fois à Zemmouri El Bahri, avec une magnitude de 3,5. Les spécialistes rassurent : «Ces secousses entrent dans le cadre des activités sismiques normales.» Plus rassurant encore, M. Hadjerès, président du Syndicat national des ingénieurs en génie civil agréés (Snia GCB), estime que «les constructions publiques sont capables de résister à une secousse tellurique de magnitude 9 sur l'échelle de Richter». Néanmoins, elles remettent en mémoire le tremblement de terre du 21 mai 2003 et les malfaçons relevées dans les nouvelles constructions qui s'étaient effondrées. Il se trouve qu'aujourd'hui la crainte d'un séisme aussi dévastateur est omniprésente. Car, si pour le secteur public, les conditions sont strictes en raison d'un contrôle rigoureux du CTC et du génie civil, «dans le privé, on continue à édifier au mépris du respect de la vie humaine et de la loi». Les exemples à Boumerdès ne manquent pas. Il n'y a qu'à faire un tour à Oued Tatareg ou au quartier Foes. Certains architectes peu scrupuleux n'hésitent pas à obtenir des cachets d'approbation de la part de certains ingénieurs frauduleux moyennant la somme modique de 500 DA «alors que la construction se caractérise par l'absence de son ancrage et sa proximité dangereuse avec une autre», selon le président des ingénieurs civils. Il est donc temps de systématiser ce contrôle a priori. Malheureusement, M. Hadjerès reconnaît que les ingénieurs ont longtemps laissé la chaise vide. L'ingénieur était passé en seconde position et n'avait qu' «un avis technique» à donner. Il a fallu l'arrêté 04/2017 du ministère de l'Habitat pour qu'il obtienne la reconnaissance au même titre que l'architecte. Sa griffe doit désormais apparaître sur tout document de construction, à commencer par le permis. Toutefois, le président du Snia GCB confirme que «si pour les édifices publics, la réglementation est respectée, ce n'est pas tout à fait le cas pour les constructions privées, notamment celles appartenant à des promoteurs immobiliers privés». Une opération d'assainissement est actuellement menée en collaboration avec le ministère et la Casnos pour distinguer les faux ingénieurs des vrais. Il est donc question de remettre de l'ordre dans cette corporation qui, selon son président, «devrait être une organisation patronale dotée de valeurs déontologiques». La corporation a quand même enregistré certaines actions en participant à la réflexion sur le coût de la construction ou sur la production industrielle dans le bâtiment dans le cadre de l'industrialisation du logement, et à la numérisation du génie civil en collaboration avec le CTC. Bref, un ordre des ingénieurs en génie civil et bâtiment s'impose et les pouvoirs publics devraient encourager son avènement.