– Droit de réponse Dans l'édition d'El Watan du 29 juillet 2018, en page 5, dans l'interview de Mme Khawla Taleb El Ibrahimi, titrée «Nous sommes face à un pouvoir devenu colon…» qui épaule l'enquête de Mohand Aziri intitulée «Frasques et prédation des enfants de la nomenklatura. La République des "fils de…"» , excellente par ailleurs, mon nom a été cité par l'universitaire (2e colonne, 2e paragraphe, 14e ligne). En effet, votre invitée affirme : «(…) Boumediène s'alliera aussi avec un certain nombre de ses anciens compagnons qu'ils aient été dans l'ALN ou dans les organisations civiles du FLN en leur donnant des avantages économiques, exemple de Khalifa Laroussi, Salah Boubnider, Commandant Azzedine et autres. On a donc la constitution par le haut d'une élite économique qui va s'adjoindre, avec la petite élite économique traditionnelle, ce capital privé, qui n'était pas énorme mais qui existait, toléré parce qu'il avait été pourvoyeur de fonds pour la Révolution.» Je voudrais apporter un démenti formel et catégorique. Je n'ai jamais bénéficié d'une aide économique quelconque du pouvoir de Houari Boumediène, duquel, est-il nécessaire de le rappeler, j'étais adjoint à l'état-major général (EMG), pas plus que des autres chefs d'Etat qui ont présidé aux destinées de l'Algérie depuis 1962 à ce jour. Pis encore, Ben Bella après m'avoir embastillé, m'a placé en résidence surveillée à Tamanrasset, tandis que Houari Boumediène m'a, lui aussi, fait goûter aux «délices» de ses geôles. Ce n'est qu'en 1982, sur insistance de frères du maquis, que j'ai fait valoir mes droits de moudjahid. Dès août 1962, j'ai commencé à travailler, je tiens à la disposition de l'auteure, dont je ne doute pas de la bonne foi, et qui, je suis convaincu, a été induite en erreur, mes fiches de paye. Je n'ai jamais fait d'affaires de toute ma vie et lorsque je m'y suis essayé, elle a tourné en eau de babeurre. Je ne sais pas à quelle source Mme Khawla El Ibrahimi a puisé cette information, mais je puis l'assurer que c'est de l'intox, ce qu'on appelle aujourd'hui un «fake news». Hélas, dans notre pays, les étiquettes ne le sont qu'en apparence, car au vrai ce sont des tatouages indélébiles que l'on traîne ad vitam aeternam, comme Sisyphe son rocher. Commandant Azzedin – – Réponse à Mme Khaoula Taleb El Brahimi au sujet de Laroussi Khelifa Dans l'interview réalisée par Mohand Aziri (El Watan du 29/07/2018), avec Mme Khawla Taleb El Brahimi, celle-ci cite Laroussi Khelifa parmi les exemples «d'anciens compagnons ayant bénéficié d'avantages économiques de la part de Houari Boumediène…». Et d'ajouter en substance : «On a donc là la constitution par le haut d'une élite économique qui va s'adjoindre, avec la petite élite économique traditionnelle, ce capital privé, qui n'était pas énorme mais qui existait...». On se demande à quel moment Laroussi Khelifa aurait pu participer à la prédation du pays, thématique développée dans le dossier d'El Watan. L'intéressé renonça de son propre gré au pouvoir, aux honneurs et privilèges attachés aux charges de : ministre (1963-64), poste d'où il démissionna ; ambassadeur extraordinaire et plénipotentiaire à Londres (1964-65), poste prestigieux qu'il quitta à sa demande. On le désignera à la tête d'Air Algérie (1965-67) et comme Président du Comité algérien pour la paix, poste qu'il occupa jusqu'à son emprisonnement en décembre 1967… S'il avait la bosse de l'affairisme, le seul fait d'exercer le pouvoir lui permettrait de s'enrichir, sans l'aide de Boumediène ni de quiconque... A contrario, Laroussi choisira de publier, à l'automne 1967, son second livre intitulé Sentier vers la paix. Cet ouvrage n'eut pas l'heur de plaire à Boumediène, en raison notamment de nombreuses allusions aux dictateurs qui s'emparent du pouvoir... en oubliant de le restituer aux peuples ; liberté de ton dont l'homme du 19 Juin en prendra ombrage, non sans en faire le reproche à son ancien compagnon d'armes (Wilaya V)... Boumediène en tirera les conclusions qui menèrent Laroussi Khelifa à la prison d'Oran pendant 20 mois, au motif de participation à la tentative du coup d'Etat de 1967... Généralement, lorsqu'un homme politique «barbote» dans la prédation, l'instinct de conservation lui commande de raser les murs, d'afficher profil bas et surtout de prendre garde à ne pas «chatouiller» le Prince… Le parcours de Laroussi montre qu'il ne s'est jamais plié à ces basses exigences, au risque d'être mis au ban du système qui ne lui épargna aucune avanie... Des mensonges et calomnies de cette veine ont reçu de ma part des mises au point argumentées en temps utiles : Cf. El Watan du 25/02/2007 ; El Watan du 22/07/2014 ; Le Soir d'Algérie du 12/11/2017... Pour la gouverne de Mme T. El Brahimi, Laroussi n'avait pas le sou pour nourrir sa famille au sortir des geôles du régime de Boumediène en 1969… Il entreprit, à l'âge de 53 ans, avec des prêts accordés par des amis et des membres de la famille, des études de pharmacie qu'il termina avec mention, malgré une santé précaire, fragilisée par ses conditions de détention... A l'issue de ses études, il ouvrira une pharmacie à Chéraga dans les années 70′, qu'il fréquentera peu en raison d'une maladie pulmonaire asthmatiforme contractée en prison. Il décédera en août 1990 des séquelles de cette longue maladie, qu'il affrontera grâce à l'abnégation des services dévoués du Pr Chaoui, à l'hôpital de Réghaïa où il reçut du réconfort et des traitements patients des années durant... Si Laroussi faisait partie de l'«élite économique», ou même politique, les meilleurs hôpitaux parisiens auraient été à sa portée, soit avec d'éventuels deniers propres ou par le biais des prises en charge de l'Etat… Kamel, frère de Laroussi Khelifa – Réponse du Pr Khaoula Taleb Ibrahimi Ayant pris connaissance de la mise au point du Commandant Azzeddine, je voudrais, en toute bonne foi, le remercier des précisions apportées. J'en ai pris acte. Je reconnais qu'au vu des «fake news» rapportées d'une manière récurrente dans la presse, j'ai pu en citoyenne écœurée par toutes ces révélations qui faisaient valser des sommes inouïes, tirer des conclusions hâtives et j'en suis désolée. Par ailleurs, je voudrais, au vu des précisions et de la mise au point de Monsieur Kamel Khelifa, reconnaître ma méprise. Dans le feu de la très longue interview, j'ai pu, toujours écœurée et révoltée par le comportement de «certains fils de…», citer des noms qui ont pu être liés à des affaires qui ont défrayé la chronique des années durant. Je m'en excuse auprès des proches de feu L. Khelifa Je voudrais saisir l'opportunité qui m'est offerte pour insister sur l'idée maîtresse qui a structuré les échanges avec Monsieur Mohand Aziri. Il s'agissait de tenter de décrire les mécanismes de «reproduction» – si tant est qu'il soit possible de parler de reproduction au sens défini par Pierre Bourdieu pour le cas de l'Algérie – des élites dirigeantes de ce pays. Ces mécanismes qui, dans des sociétés structurées par leur long cheminement historique et marquées par les acquis de luttes souvent très dures pour la justice et la démocratie, devraient obéir au principe du renouvellement par le mérite, la compétence et l'engagement citoyen qui peut s'appuyer le cas échéant sur le capital culturel et/ou le capital économique accumulé en toute légalité, ont été malheureusement dévoyés par des facteurs inhérents à la nature du pouvoir en œuvre dans notre pays depuis 1962 qui, faute de pouvoir encore invoquer la légitimité historique pour se maintenir, les a érigés en méthodes de gouvernement. L'appartenance et/ou la proximité aux différents cercles de décision, le clientélisme, le népotisme, la corruption et la collusion avec certains milieux affairistes ont permis la mise en œuvre de pratiques prédatrices dont les médias se font l'écho à travers des enquêtes, des comptes rendus d'audience et des débats comme ceux initiés il y a quelque temps par le quotidien El Watan justement. Je ne citerai pas le cas d'affaires récentes qui, par l'ampleur du préjudice supposé, font froid dans le dos.