Chaque matin, des dizaines de jeunes prennent la direction du marché de la Rahba pour s'approvisionner en ce fruit. Il faut bien se débrouiller pour se faire un peu d'argent et se permettre quelques achats avant la rentrée scolaire. C'est ce que font un grand nombre de jeunes adolescents en investissant certains créneaux, comme la vente d'anciens livres scolaires et toutes sortes de babioles. Mais il y a des jeunes, ayant dépassé le cap de la vingtaine et qui, faute d'une occupation durable, c'est-à-dire un emploi durable, louent la force de leurs bras à des entrepreneurs en manque d'ouvriers qualifiés, surtout dans le secteur du bâtiment. D'autres, par contre, disposant de diplômes universitaires préfèrent activer dans le commerce des vêtements et des chaussures. Mais avec l'apparition du fruit de l'opuntia, qu'est la figue de Barbarie, certains jeunes et moins jeunes s'investissent dans ce créneau pour devenir des éplucheurs, car les gens qui aiment savourer ce délicieux fruit craignent les épines des figues de Barbarie. Aussi requièrent-ils les services des éplucheurs qui occupent les trottoirs des rues avec tout un attirail qui leur sert de moyens de travail. Généralement une petite charrette à bras, un bidon plein d'eau, un grand couteau et des gants pour leur épargner les épines. Nous avons rencontré un d'entre eux, qui a bien voulu nous parler de lui. Il s'appelle Bilal. Il est diplômé de l'université. Il a suivi des études pour devenir professeur de sport. «Pour l'heure, je n'ai pas de travail et je dois bien faire quelque chose pour gagner ma vie. J'ai 28 ans et je cherche un poste de travail», nous dit-il. Il est inutile de lui demander combien il gagne en épluchant les figues de Barbarie, car cela dépend des clients qui le sollicitent tel ou tel jour. «Il se peut que j'arrive à écouler deux cents ou trois cents pièces à raison de 10 DA l'unité. Parfois moins», confie-t-il. Toujours est-il que des jeunes comme Bilal arrivent à réaliser un bénéfice net de 1000 à 1500 DA /jour. Ainsi, chaque matin, on voit des dizaines d'enfants et d'adolescents se diriger vers la Rahba (marché en plein air) de la ville de Aïn Beïda pour s'approvisionner en figues qu'ils se feront un plaisir d' éplucher aux éventuels clients.