En Algérie, une femme, même si elle est élue présidente de la République, aura toujours besoin d'un tuteur... Le Collectif des étudiantes libres de Bouira a organisé hier un séminaire intitulé «Statut de la femme algérienne dans la société», à la salle des conférences de l'Office des établissements de jeunes de la wilaya de Bouira. «Notre objectif est de conscientiser et mobiliser les femmes afin d'abroger le code de la famille qui est en total déphasage avec nos aspirations. C'est aussi une occasion pour nous d'apprendre à travers l'expérience de nos aînées militantes», dira Lyudmila Akkache, membre du collectif. A cette occasion, sont invités Bakhti Aouicha, avocate et militante féministe, les deux écrivains Slimane Saadoun et Abderrahmane Yefsah, ainsi que d'autres. Parmi les assistants, une des figures de proue de la Révolution, Zoulikha Bekaddour, venue soutenir les jeunes militantes. Dans son intervention, Aouicha Bakhti considère que les aménagements apportés au code de la famille en 2005 sont à rejeter. «C'est un code de l'infamie, car il est tout simplement contre la femme. Nous réclamons des lois civiles et égalitaires en adéquation avec notre temps. En Algérie, une femme, même si elle est élue présidente de la République, aura toujours besoin d'un tuteur. C'est absurde !» dira-t-elle. Plus loin dans son plaidoyer, l'oratrice crève l'abcès et met en évidence le caractère anticonstitutionnel du code de la famille algérien. «Nous ne sommes pas obligés de vivre sous (avec) des règles élaborées il y a 15 siècles et qui sont totalement détachées de notre réalité actuelle. Partout dans le monde, lorsque la femme est avilie, c'est toute la société qui est avilie. En Algérie, à cause de notre renoncement, l'intégrisme est en train d'avancer et d'accaparer l'espace public.» Lors des débats, l'accent a été mis beaucoup plus sur les alternatives à l'actuel code et sur l'avenir de la lutte féminine. Dans sa réponse, l'avocate féministe révèle qu'un texte de loi en remplacement au code la famille a été élaboré par un groupe de militantes, mais n'a pas abouti. «Malheureusement, cet effort a été saboté par des ONG», a-t-elle regretté, tout en faisant savoir que les lois à elles seules ne suffisent pas pour améliorer le statut de la femme. Un travail de longue haleine pour la sensibilisation et conscientisation de la société doit être mené pour aspirer à un changement des mentalités. Un appel à l'union de toutes les forces militantes a été lancé afin de contrer la machine intégriste. La deuxième partie du séminaire a été animée par les deux écrivains Slimane Saadoun et Abderrahmane Yefsah, qui ont traité, respectivement, les thématiques «La femme algérienne et l'histoire» et «La femme algérienne et l'art».