Aujourd'hui, Nacer Meddah prendra ses fonctions de préfet de Seine-Saint-Denis (93). Pupille de la nation, il a gravi les échelons de l'administration sans passer par la case grande école. Aussi fier d'être né dans le Pas-de-Calais que de ses origines kabyles, le nouveau préfet veut « sortir le 93 de ses clichés ». Né dans un baraquement ouvrier près d'Arras, ce fils d'Algériens arrivés en France dans les années cinquante a été en 2006 le deuxième fonctionnaire issu de l'immigration à décrocher un poste de préfet dans l'Aube, après Aïssa Dermouche en 2004. A Paris, « on me dit ‘‘bon courage'', comme si j'allais en pénitence », confie amusé à l'Afp l'actuel conseiller du coordonnateur du renseignement à l'Elysée, dans son bureau du prestigieux hôtel Marigny. « Si je peux aider la Seine-Saint-Denis à sortir de ses clichés, je serai content, je veux valoriser ce département et montrer qu'il ne se réduit pas à l'image du 93, qu'il y a des gens exceptionnels. Il n'est pas le seul département à connaître des difficultés. On doit être fier d'y habiter », affirme-t-il. « Fierté », le mot revient à l'évocation de ses origines kabyles pour ajouter aussitôt : « je suis tout aussi fier de mon attache à la région Nord-Pas-de-Calais, ça me structure ». A 49 ans, il demeure un supporter fervent du RC Lens. Félicité comme « préfet musulman » par des associations musulmanes, il rectifie : « Je suis un laïc, pas croyant et encore moins pratiquant ». « On met en avant mes origines kabyles, mais ma vraie originalité ce sont mes 30 ans d'expérience dans des environnements très différents », insiste Nacer Meddah en égrenant sa carrière, « tout sauf linéaire », jamais plus de trois ans à un poste, d'importants dossiers (affaires européennes, entreprises publiques), des rencontres « avec des hommes qui comptent », comme Philippe Seguin, dont il fut le secrétaire général adjoint à la Cour des comptes. La Seine-Saint-Denis est « un challenge de plus ». « Je serai attentif aux autres, disponible, je parlerai un langage de vérité, l'Etat doit faire respecter son autorité, il y a des droits et des devoirs », explique le nouveau préfet. Marié à une juge, il est père de deux adolescentes.