Sa nomination obéit exclusivement à «la juste reconnaissance du mérite», «un principe républicain essentiel», selon Jacques Chirac. La question revient sur toutes les lèvres: «Préfet issu de l'immigration?» ou «préfet musulman?». Lors de sa première interview, Aïssa Dermouche a vite planté le décor: «Je préfère qu'on m'appelle préfet Aïssa Dermouche ou préfet de la République tout court. Cela me conviendrait bien.» Au-delà de la polémique qui agite les cercle, politiques de la droite présidentielle française, c'est surtout l'extraordinaire réussite du nouveau préfet, 57 ans hier, qui retient l'attention aussi bien au sein de 1a communauté algérienne de France qu'en dehors. Aïssa Dermouche réussit un autre exploit: il met d'accord toutes les opinions, aussi bien à gauche qu'à droite. «C'est une excellente initiative», juge Nacer Kettane, président de Beur FM et de Beur TV. Lui-même symbole de la génération issue de l'immigration, il apprécie, à juste titre, la nomination de Aïssa Dermouche : «C'est un homme de grand niveau intellectuel qui a fait ses preuves à la tête de son école. Il mérite amplement d'être préfet. Il pourrait d'ailleurs occuper un poste de ministre.» Avec beaucoup de retard certes, mais la France a fini par montrer une disposition à la reconnaissance du mérite des «autres» Français. Nacer Kettane avertit: «Cette nomination ne doit pas être un simple alibi. Il faut d'autres préfets, des députés, des sénateurs...des représentants de cette France plurielle à tous les niveaux de responsabilité.»