Dans la perspective de l'organisation du rassemblement de lundi prochain (20 août), qui aura lieu au musée du Congrès de la Soummam, dans le village historique Ifri-Ouzellaguène (60 km au sud de Béjaïa), et qui coïncide avec la célébration du 62e anniversaire du Congrès de la Soummam 1956, les membres du comité pour la libération de Touati Merzoug se sont réunis, mercredi dernier au siège du Centre de documentation en droits de l'homme (CDDH) à Béjaïa. Cette rencontre a été programmée dans le but de peaufiner les détails de l'organisation pour réussir «l'action d'Ifri» qui a pour objectif de réclamer la libération immédiate de ce détenu d'opinion et de dénoncer le déni de la liberté d'expression. Lors des discussions, en plus des associations, des intellectuels, des artistes et des citoyens anonymes la possibilité «d'impliquer les partis politiques, en particulier les formations ayant un ancrage en Kabylie, en les conviant à s'exprimer ou à prendre une position vis-à-vis de cette question» revient comme un leitmotiv. Pour les animateurs du comité, «le 20 août est également une occasion pour interpeller les officiels» dont des représentants du gouvernement nationaux et locaux, qui viennent se recueillir à la mémoire des martyrs sur ce monument historique. Une campagne de sensibilisation de l'opinion publique sur le cas du jeune Merzoug Touati qui croupit dans la prison de Oued Ghir (Béjaïa) est aussi prévue. Les partis politiques, dont les directions ne se sont pas encore exprimées officiellement sur cette affaire, sont désormais invités pour donner de la voix à cette cause et à rejoindre l'appel du comité. Depuis l'incarcération de Merzoug Touati, seulement, quelques militants de partis politiques ont exprimé leur soutien, à titre individuel, sans engager leurs partis respectifs. C'est également une occasion de porter le ton du comité au-delà de la Kabylie, profitant de cette date où les yeux seront rivés sur ce lieu qui a connu la naissance de «l'acte fondateur de l'Etat algérien moderne». Le comité peut ainsi compter sur les citoyens conscients des enjeux de cette affaire et mobiliser les militants des droits de l'homme, les artistes, les organisations non gouvernementales et les avocats pour animer cette manifestation. Par ailleurs, les participants à cette réunion se sont félicités de la décision de Merzoug Touati d'arrêter la grève de la faim qu'il a entamée depuis le 8 juillet dernier. Selon Yanis Adjlia, membre actif du comité pour la libération de Merzoug Touati, le détenu a arrêté sa grève sous la pression de sa mère qui a témoigné du mauvais état de son fils sous l'effet de son abstention de se nourrir. D'après la même source, le blogeur s'est plaint des conditions de détention auprès de sa maman avant qu'elle ne le rassure quant à l'élan de solidarité qui s'est mis en place, et qui est chapeauté par le comité pour la libération de Merzoug Touati. Pour rappel, Merzoug Touati est incarcéré depuis janvier 2017 pour avoir publié sur son blog un entretien avec un diplomate israélien. Le tribunal de Béjaïa a condamné le blogeur, en mai 2018, à 10 ans de prison ferme assortie d'une amende de 50 000 DA pour «entretien avec les agents d'une puissance étrangère et intelligence de nature à nuire à la situation militaire ou diplomatique de l'Algérie ou à ses intérêts économiques». Rejuger en appel en juin dernier, cette peine a été revue à la baisse, lors d'un procès qui a tenu la population en haleine, à 7 ans de prison ferme.