Alors que les observateurs internationaux assurent que le scrutin s'est déroulé dans de bonnes conditions, l'opposition continue à contester la réélection du président. Réélection entachée de fraude, à leur avis. Quelques centaines de partisans de l'opposant malien Soumaïla Cissé ont manifesté, hier à Bamako, pour protester contre la réélection du président Ibrahim Boubacar Keïta, rapportent des médias. Réélection qu'ils jugent «illégale», deux jours après l'annonce des résultats officiels encore provisoires. Répondant à l'appel du chef de file de l'opposition, qui n'a remporté qu'un tiers des voix au second tour du 12 août, les manifestants se sont rassemblés en début de matinée face à la mairie de la capitale malienne, protégée par plusieurs dizaines de policiers, selon ces médias. Soumaïla Cissé a catégoriquement rejeté vendredi les chiffres officiels, assurant avoir «remporté cette élections avec 51,75%» des suffrages. Ces résultats «ne sont que supercherie, mascarade, parodie et mensonges», le «fruit pourri d'une fraude honteuse», a ajouté l'ancien ministre des Finances. «Nous ne pensons pas qu'il y a défaite. Nous n'allons pas reconnaître le vol», a déclaré, lors de la manifestation, l'un des porte-parole de l'opposition, Nouhoum Tog. Officiellement S. Cissé a obtenu 32,83% des suffrages à la présidentielle, contre 67,17% pour I.B. Keïta. Il a indiqué qu'il a introduit des recours devant la Cour constitutionnelle, qui dispose de quelques jours pour se prononcer. Mardi dernier, l'Organisation des Nations unies (ONU), l'Union européenne (UE) et l'Union africaine (UA) ont assuré que le second tour de l'élection présidentielle au Mali s'est déroulé dans de «meilleurs conditions sécuritaires» qu'au premier, rejetant totalement l'existence de cas de «fraude» comme le soutient le chef de l'opposition Soumaïla Cissé, qui a déclaré rejeter d'avance les résultats de ce scrutin. Les observateurs internationaux satisfaits La mission de l'UE, qui a dépêché ses observateurs à cette occasion, a souligné n'avoir constaté aucune «fraude électorale». Elle a appelé au «calme et à la patience», notamment après le rejet à l'avance par l'opposition des résultats de la présidentielle, prétextant des «cas de fraude». «Nos observateurs n'ont pas observé de fraudes, mais des problèmes d'irrégularité procédurale», comme «deux cas de procès-verbaux présignés et préremplis» avant la fin du scrutin, a ajouté de son côté la cheffe de la mission d'observation européenne, Cécile Kyenge. Elle a fait état des «améliorations» apportées par les autorités dans l'organisation du scrutin, tout en réitérant ses «appels à la transparence pour la publication dès que possible de la liste détaillée des bureaux de vote fermés dimanche et l'intégralité des résultats provisoires, bureau par bureau». «Il n'appartient pas à la mission d'observation électorale de juger si les élections sont crédibles», a relevé toutefois Mme Kyenge. Pour sa part, le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, a appelé «toutes les parties maliennes à conserver le calme jusqu'à la conclusion du processus électoral, en évitant les rhétoriques incendiaires». Il a exhorté «les candidats à faire preuve de mesure» dans l'attente des résultats officiels qui seront proclamés sous peu par les instances habilitées. De leur côté, les observateurs de l'UA ont soutenu lundi n'avoir pas enregistré des «fraudes électorales» alléguées par l'opposition et rejetées en bloc par le président sortant Ibrahim Boubacar Keïta, qui accuse le camp adverse de «mise en scène». «A ce stade, la mission de l'UA ne détient aucun élément tangible démontrant de quelconques irrégularités», jugeant que «cette élection s'est déroulée dans des conditions acceptables». Le second tour de l'élection présidentielle au Mali s'était déroulé, dimanche dernier, dans un climat plus apaisé que le premier, selon les médias maliens. Seuls 490 bureaux de vote sur 23 000 prévus n'ont pu ouvrir, soit moitié moins que le 29 juillet, a affirmé le ministre de la Sécurité, Salif Traoré. Ce «succès» est dû, selon lui, à la «montée en puissance de l'armée malienne qui avait déployé 36000 hommes, 6000 de plus qu'au premier tour». Le gouvernement a indiqué que la grande majorité des bureaux fermés, soit 440 sur les 490 recensés, étaient dans la région de Mopti au centre, en proie à des violences. Le futur président malien entrera en fonction le 4 septembre prochain avec la mission, notamment, de poursuivre l'application de l'accord de paix conclu en 2015 à Alger.