Le ministre iranien des Affaires étrangères, Mohammad Javad Zarif, a affirmé hier que «les Etats-Unis ne pourront jamais renverser le gouvernement iranien comme en 1953», selon l'APS. Propos qui font suite à l'annonce de Washington de la création d'un «groupe de travail» visant à coordonner la politique américaine en Iran. Le chef de la diplomatie iranienne a indiqué, à travers son compte twitter, que la mission d'un «groupe de travail en Iran» annoncée, récemment, par les Etats-Unis «vise à renverser le gouvernement iranien comme cela a déjà avait été fait en 1953». Mohammad Javad Zarif a ajouté «qu'il y a exactement 65 ans, les Etats-Unis ont renversé le gouvernement démocratique de Mohammed Mossadegh élu par le peuple et restauré la dictature, transformant les Iraniens en esclaves pour les 25 ans à venir». Pour le ministre iranien, le «groupe de travail créé par Washington pour l'Iran rêve de faire la même chose à l'aide de la pression, de la désinformation et de la démagogie». Le 28 avril 1951, le docteur Mossadegh devient Premier ministre. Il nationalise les richesses pétrolières du pays et en août 1953, un coup d'Etat organisé par Londres et Washington, l'«opération Ajax», exécuté par la CIA le destitue au profit du chah Mohammad Reza Pahlavi. Ce dernier mène une politique proaméricaine. A travers sa police politique la Savak. Jeudi, le secrétaire d'Etat américain Michael Pompeo a déclaré qu'il a créé au sein de son ministère «un groupe de travail visant à faire respecter les sanctions de Washington contre l'Iran». Il a nommé Brian Hook comme représentant spécial des Etats-Unis pour l'Iran. «Le groupe de travail sera dirigé par l'émissaire spécial pour l'Iran, Brian Hook, et sera chargé de diriger, réévaluer et coordonner tous les aspects des activités du département d'Etat liées à l'Iran», a déclaré Mike Pompeo. La déclaration du chef de la diplomatie intervient alors que le conseiller à la Sécurité nationale du président américain, Donald Trump, John Bolton, est en visite en Israël pour des discussions sur l'Iran, la Syrie et la bande de Ghaza. L'Iran est considéré comme l'ennemi numéro un d'Israël et le Premier ministre israélien, Benyamin Netanyahu, a lancé de multiples mises en garde contre l'«expansion» de la présence militaire iranienne dans la région. Il a aussi salué la décision du président américain, en mai dernier, de se retirer de l'accord sur le nucléaire iranien et l'annonce en août de nouvelles sanctions contre Téhéran. Samedi, le ministre de la Défense iranien, Amir Hatami, a déclaré que son pays compte dévoiler, dans les prochains jours, un nouvel avion de combat et améliorer ses capacités balistiques pour répondre aux «menaces» d'Israël et des Etats-Unis. «Notre priorité est notre capacité balistique et nous devons la renforcer (…) au vu des efforts ‘fournis' par nos ennemis dans le domaine de la défense antimissiles», a soutenu le ministre de la Défense iranien dans une interview télévisée samedi, cité hier par l'agence de presse iranienne Tasnim. La leçon de la guerre avec l'Irak Le programme balistique de l'Iran constitue une question épineuse avec les grandes puissances, particulièrement les Etats-Unis, mais Téhéran estime qu'il est important pour ses capacités défensives dans une région instable. Il a affirmé que le programme de défense iranien était motivé par le souvenir des attaques aux missiles dont son pays a été la cible pendant la guerre contre l'Irak (1980-1988), ainsi que par les menaces réitérées d'Israël et des Etats-Unis, qui répètent que «toutes les options sont sur la table», quand il s'agit de traiter avec l'Iran. Et d'ajouter : «Nous avons appris pendant la guerre» irano-irakienne que «nous ne pouvions compter que sur nous-mêmes (…) et que personne ne ferait preuve de clémence envers nous». Il a observé que «les ressources» de son pays «sont limitées», mais «nous mettons à niveau nos missiles en fonction des menaces et des actions de nos ennemis, comme moyen de dissuasion ou de riposte dévastatrice». Le ministre iranien a affirmé que l'Arabie Saoudite, principal rival régional de l'Iran, a «le plus important budget militaire au monde après l'Amérique et la Chine, alors que notre budget de défense est limité».